Développement économique ou observance stricte des règles de l’islam ? Les Etats du Golfe assouplissent progressivement, chacun son rythme, les codes de la sharia.
Dubaï a suspendu au 1er janvier 2023 la taxe de 30% sur le prix des bouteilles d’alcool. L’émirat entend ainsi assoir son rôle de plaque tournante au Moyen Orient, continuer d’attirer les touristes (occidentaux) et lutter contre la concurrence de plus en plus vive de l’Arabie saoudite et du Qatar.
Plus de 90% de la population de Dubaï est composée de résidents étrangers et nombreux étaient ceux qui se plaignaient du prix trop élevé des boissons alcoolisées, du coût de la vie en général et d’un tourisme trop ouvertement orienté vers le luxe.
Les distributeurs de boissons alcoolisées sont ravis. Maritime and Mercantile International, l’un des principaux distributeurs de boissons alcoolisées à Dubai, a affirmé sur LinkedIn que la baisse des taxes sur l’alcool, va dynamiser l’industrie hôtelière locale.
Une concurrence croissante du Qatar
Bien que Dubai reste la destination régionale la plus populaire pour les touristes et les travailleurs étrangers, l’émirat est confronté à une concurrence croissante du Qatar et de l’Arabie saoudite. Le gouvernement saoudien a en effet supprimé la police religieuse, assoupli les codes vestimentaires féminins, autorisé les femmes à conduire une automobile, parrainé des concerts et des raves et offert ses premiers visas touristiques en 2019. Les responsables ont également déployé un mélange d’incitations et d’ultimatums pour persuader les multinationales d’installer leur siège régional à Riyad plutôt qu’à Dubaï. L’alcool est toujours illégal mais les rumeurs sont insistantes sur un changement législatif en ce domaine ou dans la création de zones de consommation règlementées comme à Dubaï autrefois.
En réalité, Dubai n’a pas réellement assoupli sa législation sur l’alcool. Les règles demeurent, mais elles ne sont pas appliquées. Ainsi, les personnes qui veulent acheter de l’alcool doivent obtenir une licence qui n’est accessible qu’aux non-musulmans de plus de 21 ans. Mais dans la réalité, les bars, les clubs et les restaurants ne demandent presque jamais à voir cette licence.
Outre l’alcool, les Émirats arabes unis ont également assoupli les règles concernant l’immigration, décriminalisé la cohabitation des couples non mariés et adopté une semaine de travail qui va du lundi au vendredi, alors que dans les pays musulmans, la semaine de travail s’arrête le vendredi pour les prières.
Ces changements ont mis mal à l’aise les musulmans observants, mais toute dissidence a été largement réprimée.
L’alcool, la liberté des femmes, la tolérance aux non musulmans sont les défis que doivent affronter les pays musulmans qui souhaitent se développer au plan économique, attirer les investisseurs et les emplois. Le Qatar qui ne lésine pas sur les manifestations sportives internationales a interdit la vente de bière dans les espaces publics à la dernière minute pendant la Coupe du monde de football.