Donald Trump pourrait revoir le soutien militaire américain à Israël

La politique étrangère sous une possible présidence Trump en 2024 devrait être marquée par un tournant isolationniste qui pourrait pousser les alliés traditionnels des Américains, notamment les Israéliens, à chercher des solutions diplomatiques. 

Une chronique de Magali Rawan

 

Si Donald Trump accède de nouveau à la présidence en 2024, sa politique étrangère devrait marquer une rupture significative avec l’approche actuelle de l’administration Biden. Affichant un retour au slogan « America First », cette stratégie donnerait la priorité aux intérêts nationaux américains, réduisant l’engagement militaire à l’étranger et s’appuyant sur un nationalisme affirmé et des choix unilatéraux. Cette orientation viserait à restructurer les alliances et les engagements internationaux des États-Unis en fonction des besoins internes. Près de 70 % des efforts de sa future administration pourraient ainsi être consacrés à des politiques domestiques, comprenant la réduction de l’influence de l’État fédéral et la lutte contre ce qu’il appelle « l’État profond ».

L’empreinte de la doctrine Carlson-Vance

La potentielle présidence Trump pourrait être marquée par l’influence de figures conservatrices comme Tucker Carlson et JD Vance. Le premier est un journaliste suivi par 14 millions de personnes sur X et le second le colistier du candidat républicain à la vice-présidence. Tous deux sont adeptes d’une politique étrangère minimaliste et très critiques contre les interventions militaires américaines à l’étranger.

En vue de sa candidature présidentielle en 2028, chaque mouvement de JD Vance, candidat de premier plan à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2028, sera influencé par ses calculs à long terme, notamment pour séduire une génération de jeunes de plus en plus pacifistes et adeptes du « America First ». Fort de son influence et de son dynamisme, Vance est en position de jouer un rôle clé dans l’orientation de la doctrine de politique étrangère de Trump.

Cette influence pourrait inciter Trump à revoir le soutien militaire à des alliés historiques tels qu’Israël et l’Ukraine. Cette vision, prônant une plus grande autonomie des partenaires des États-Unis, pourrait pousser ces derniers à chercher des solutions diplomatiques. Toutefois, l’idée de réduire l’assistance militaire pourrait rencontrer des oppositions internes, notamment parmi les faucons interventionnistes comme Pompeo, Cotton et O’Brien, partisans d’un soutien fort à Israël.

La fin de l’accord avec l’Iran

Trump semble déterminé à écarter toute perspective de retour à l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), optant plutôt pour des « sanctions automatiques » et des pressions renforcées afin de contraindre Téhéran à des négociations sur un nouveau cadre. Une telle approche pourrait cependant entrer en conflit avec la doctrine isolationniste de Carlson et Vance, réticents aux interventions militaires. Des tensions internes pourraient donc émerger, surtout si des initiatives plus agressives envers l’Iran venaient à être envisagées.

Dans la région, Trump pourrait chercher à approfondir les accords de normalisation entre Israël et les pays arabes, en particulier l’Arabie Saoudite. Mais la conclusion d’accords ambitieux pourrait être freinée par l’absence de soutien au Congrès. Israël, de son côté, pourrait profiter de la période de transition précédant l’entrée en fonction de Trump pour intensifier ses opérations régionales, notamment au Liban ou contre l’Iran.

Avec l’Ukraine, un soutien à redéfinir

La stratégie de Trump envers l’Ukraine pourrait inclure une volonté de résoudre le conflit de manière accélérée, potentiellement au prix de concessions de la part de Kiev. En demandant aux pays européens de renforcer leur propre défense, Trump pourrait envisager une réduction de l’aide américaine à l’Ukraine, sauf si les alliés augmentent leurs contributions. Sa relation tendue avec l’OTAN laisse penser que des pressions sur les partenaires européens pourraient être réitérées, risquant de créer des frictions au sein de l’alliance. Les conseillers alignés sur Carlson et Vance pourraient voir d’un bon œil cette stratégie, tandis que d’autres pourraient craindre pour la stabilité régionale. 

L’approche de Trump vis-à-vis de la bureaucratie fédérale pourrait se traduire par des coupes dans des agences stratégiques telles que le Département d’État et les services de renseignement, visant à affaiblir leur influence et à favoriser une diplomatie plus transactionnelle. Cependant, des responsables au sein des services de défense et de renseignement pourraient résister à ces changements, arguant du risque de fragiliser la lutte contre le terrorisme et la cybersécurité. La volonté de Trump de limiter l’implication américaine dans des crises internationales, comme en Ukraine, pourrait aussi se heurter à des craintes de déstabilisation parmi ses propres conseillers.

La Chine au centre des préoccupations 

Face à la Chine, la politique de Trump devrait s’orienter vers un renforcement de la puissance économique et militaire des États-Unis, avec des mesures telles que l’augmentation des tarifs douaniers et la fin de privilèges commerciaux. La constitution d’alliances renforcées dans la région indo-pacifique pourrait s’intensifier. Néanmoins, des oppositions pourraient surgir en interne, où des voix appellent à la modération pour éviter des conséquences économiques néfastes.

Si Donald Trump remporte la présidence, sa politique étrangère pourrait s’articuler autour d’une réorientation vers les intérêts intérieurs, accompagnée d’une réduction de l’engagement américain sur la scène internationale. Cependant, la mise en œuvre de cette vision pourrait se heurter à des résistances institutionnelles et à des dynamiques régionales complexes, notamment lors de la période de transition où des alliés comme Israël pourraient tenter de maximiser leurs gains avant le début officiel du mandat.

La position stratégique de JD Vance pour une candidature présidentielle en 2028, prônant la retenue et une focalisation nationale, ajoutera probablement une autre couche d’influence dans la trajectoire de la politique étrangère de Trump.