Des civils témoignent sur les exactions du groupe Wagner

Le jour même où Human Rights Watch dénonçait les graves abus commis contre les civils (voir article Mondafrique du 12/12/2024), le groupe Wagner détruisait plusieurs campements situés dans la région de Kidal. Les victimes témoignent pour Mondafrique. 

  

Alors que Human Rights Watch publiait mardi 12 décembre un rapport accablant pour le groupe Wagner et les forces maliennes, ces derniers menaient une nouvelle série d’opérations contre les populations nomades dans le nord du pays.

Ce jour-là, aux environs de huit heures du matin (heure locale), les habitants d’un campement installé dans l’oued Eghacher-Sediden voient arriver des véhicules de l’armée malienne. Trois hommes « blancs » en tenue militaire et s’exprimant en russe font irruption dans la tente d’un homme considéré comme le doyen de la communauté pour fouiller coffres et valises. Officiellement, il s’agit de chercher toute preuve qui pourrait les mener sur la trace des groupes armés islamistes qui sévissent dans la région. En réalité, les miliciens du groupe Wagner s’adonnent volontiers à des activités peu glorieuses : « Ils confisquent régulièrement les papiers des populations locales, et se permettent même parfois de voler des bijoux et d’autres objets de valeurs… » témoigne l’un des membres de la famille victime de ce harcèlement.

Mécontents de cette première « perquisition », les trois Russes pénètrent alors dans la tente voisine où réside l’un des fils mais cette nouvelle fouille se révèle à nouveau infructueuse. « Ils sont ensuite allés chercher des bidons d’essence et ont incendié les deux tentes… » précise l’une des personnes présentes. Les membres de Wagner se dirigent ensuite vers les habitations des voisins pour y mettre également le feu. Six tentes nomades sont réduites en cendres. Mais les trois hommes ne s’arrêtent pas là. Ils incendient aussi plusieurs biens et équipements précieux dont un camion-citerne. Seul le bétail, qui avait déjà quitté le campement pour pâturer, échappe à la folie destructrice de Wagner.

Les militaires maliens, restés dans les véhicules, assistent à ces exactions sans réagir… Abattue par cette nouvelle opération menée contre les civils, l’une des victimes livre sans détour sa vision des événements : « Ces hommes ont anéanti le travail de toute une vie en quelques secondes… Il est évident que l’objectif de Wagner et des militaires au pouvoir est de détruire l’entièreté des ressources des populations présentes dans cette zone et de nous réduire au silence. » D’après les membres de ce campement, le groupe Wagner s’est attaqué le même jour à un autre village, toujours dans la région de Kidal.

Selon Human Right Watch, le départ en décembre 2023 de la mission de maintien de la paix des Nations Unies (demandé par Bamako) a permis la multiplication des attaques dans le centre et le nord du pays contre les populations locales, prises en étau entre les groupes armés islamistes et les militaires maliens appuyés le groupe Wagner.