Dakar et Ouagadougou préparent une riposte au terrorisme

Le Sénégal est plus que jamais menacé par le terrorisme, selon le premier ministre Ousmane Sonko, en déplacement à Ouagadougou. Devant une « impuissance de la CEDEAO », il prône pour une alliance et une solidarité inter-États. Dans ce sens, le Sénégal et le Burkina Faso ont jeté les bases d’une coopération sécuritaire, afin de minimiser les risques et pertes

Ibrahima Dieng (Correspondant à Dakar)

 

Attaques incessantes, menaces inquiétantes d’interventions sur la capitale, les djihadistes du JNIM, l’organisation dirigée par Iyad Ag Ghali, ont placé le Burkina Faso dans leur viseur. Maillon faible des Etats du Sahel, le pays d’Ibrahim Traoré, le patron de la junte militaires, apparaît incapable de résister à cette vague d’assauts qui le submerge.

Un rapport de Timbuktu Institute fait état de possibles menaces du JNIM dont la stratégie d’expansion du JNIM est facilitée par la porosité des frontières nationales. Ce qui place en première ligne la Mauritanie et le Sénégal. Qu’il s’agisse des zones les plus désertiques de la frontière mauritanienne ou des zones les plus boisées de la frontière sénégalaise, de nombreux espaces restent difficiles à sécuriser.

« Personne ne doit se sentir à l’abri ». Oumane Sonko, Premier ministre du Sénégal

Il ne faut pas de voiler la face, la menace existe, selon le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, en visite au Burkina Faso, il a abordé pour la première fois, cette question en profondeur. « Nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre, sous la menace. Ceux qui commettent ces actes n’ont pas d’amis. Certains groupes (terroristes) « ont été à l’aise dans certains pays à une époque, avant de les attaquer par la suite ». 

Le Sahel fans la tourmente

Il y a quelques semaines, une attaque terroriste à été perpétrée à Kayes au Mali. Un poste de sécurité de la gendarmerie et un autre de la douane ont été visés. Les assaillants sont ensuite repartis avec quelques armes, des motos. Une situation qui interpelle le Sénégal sur le poids de la menace sécuritaire vu la  proximité entre Kayes et deux régions du territoire que sont Tambacounda et Kédougou.

Une attaque jihadiste qui a frappé le nord du Bénin le 17 avril a entraîné la mort de 54 militaires. Devant cette situation, le Gouvernement béninois avait regretté une coopération sécuritaire défaillante. Bien avant cela, le 9 février 2025, des djihadistes présumés ont tiré, sur un convoi de véhicules civils escortés par l’armée malienne et des mercenaires du groupe russe Wagner dans le nord du pays.

L’acte terroriste avait causé la mort de 30 civils et militaires. Plus récemment, le Niger a été victime d’une attaque terroriste. Une dizaine de soldats nigériens ont été tués le 4 mai 2025 près d’un village du sud-ouest du Niger. Une attaque attribuée par les autorités du pays à des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique.

« La CEDEAO impuissante »

 

Si ces attaques font légion, estime le premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, c’est parce qu’il n’y a pas de réponse adaptée. À ses yeux, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, privée désormais du Niger, du Mali et du Burkina,  a fait preuve d’impuissance. « Il y a eu des mécanismes comme la force d’intervention en attente que la CEDEAO avait mise en place, avec des dotations matérielles et budgétaires prévues. Mais cette force reste, jusqu’à présent, en attente. Quand il y a une crise politique, la CEDEAO réagit très rapidement. Mais face à une menace sécuritaire grave, comme celle du terrorisme, on constate une inertie », a déploré Ousmane Sonko à Ouagadougou. 

La solution, face à un phénomène qui fait de plus en plus peur, selon Ousmane Sonko est une convergence de forces et une solidarité. Sans quoi dit il, les choses vont empirer. « Il ne faut pas se cacher derrière le fait qu’on n’est pas directement touché. Apportons notre solidarité à tous les pays frappés, y compris le Nigeria qui le vit depuis longtemps », estime-t-il. 

Ainsi, Dakar et Ouagadougou vont collaborer pour minimiser les risques mais également apporter une meilleure réponse. D’ailleurs un protocole de partenariat sécuritaire a été signé le samedi 17 mai 2025. Il concerne la lutte contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière et la circulation illicite des armes et le banditisme. « Nous n’exclurons aucune forme de collaboration pour soutenir nos frères dans cette épreuve », a conclut le premier ministre sénégalais.