Le tourisme en Côte d’Ivoire (1/4), un nouvel eldorado

La Côte d’Ivoire profite du temps de sa renaissance pour séduire plus de monde. Après la belle campagne victorieuse à la Coupe d’Afrique des Nations, Abidjan  a plus que jamais fière allure avec ses ponts à haubans, son architecture recherchée, ses routes neuves, ses lumières qui confirment sa réputation de ville lumière, ses restaurants, petits ou grands, qui proposent une riche gastronomie, sa musique, ses habitants hospitaliers qui savent offrir un sourire ou un bon mot à l’inconnu de passage…

Cette hospitalité traditionnelle, brouillée par les conflits de ces dernières décennies, est ce trésor que le ministère du tourisme ivoirien exploite pour transformer la Côte d’Ivoire en l’une des destinations touristiques les plus prisées d’Afrique grâce aux moyens sur lesquels le gouvernement ivoirien a décidé de mettre à la disposition de ce secteur.

Misant aussi sur ses sites touristiques fabuleux comme le montre ci dessus l’image des chutes du Man, dans l’Ouest du pays, son art culinaire légendaire ainsi que sa musique au rayonnement mondial, la Côte d’Ivoire se rêve parmi les cinq premières destinations touristiques africaines.

Mondafrique vous propose ici le premier article d’une série de quatre papiers consacrés au boom touristique ivoirien

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

 

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

Alors que le secteur touristique avait été dynamité par les crises sociopolitiques successives que le pays trop longtemps a connues, cette industrie réalise désormais des performances spectaculaires avec une croissance annuelle de 6,4% depuis 2019. Selon le rapport 2024 du Forum économique mondial sur le développement du tourisme et des voyages, la Côte d’Ivoire est classée 18è pays africain le plus performant dans le secteur touristique et seconde économie mondiale dans ce domaine. Derrière ce succès, apparaissent des investissements massifs qui ont permis d’augmenter en quantité et en qualité les infrastructures touristiques du pays, des hôtels à la location des véhicules, en passant par la restauration

Depuis plusieurs années, la capitale ivoirienne scintille. Son bitume qui se renouvelle au fur et à mesure qu’il se dégrade ajoute au zéphyr porté par la lagune Ebrié un sentiment de fraîcheur et de propreté. Chaque carrefour est un chantier et les gratte-ciels rivalisent de couleurs et de beauté. Ici, un nouveau pont, là un échangeur en chantier qui provoque des embouteillages interminables, là encore des hôtels cinq étoiles dont la vitrine invite à y séjourner, ou encore des espaces et des plages propres qui vous appellent à prendre le large…

Abidjan, ville phare

Le pays qui a renoué avec la croissance économique grâce à des investissements en nette progression, rêve désormais ouvertement depuis 2012 de devenir l’une des cinq premières destinations touristiques d’Afrique. Il y a en effet de quoi : Abidjan est la ville de la joie. Même les quartiers déshérités ne perdent jamais leur sourire parce que dans ce pays d’un peu plus de 30 millions d’habitants, c’est l’espoir qui fait vivre.

Connu pour son cacao dont elle domine les statistiques sur le marché mondial, la Côte d’Ivoire a terminé l’année 2024 en tête, avec 2,2 millions de tonnes des fameuses fèves. Derrière elle, son concurrent le plus proche, le Ghana, n’a fait mieux que 600 mille tonnes. Mais depuis plusieurs années, les ressources cacaoyères connaissent des fluctuations. À cause de la pluviométrie qui fait des siennes, des chocolatiers fortunés mais qui négocient sec et les multiples réglementations de l’Union européenne. Alors, le gouvernement ivoirien a décidé de diversifier ses ressources en misant également sur le secteur touristique qui était à la peine à cause des crises politiques interminables des années passées.

À Abidjan, il y a les minicars appelés « gbaka » pour permettre aux bourses faibles de relier les différents quartiers.

76,5 milliards d’investissements

rand-Bassam fut la première capitale coloniale, portuaire, économique et juridique de la Côte d’Ivoire ; elle témoigne des relations sociales complexes entre les Européens et les Africains, puis du mouvement populaire en faveur de l’indépendance.

Et depuis, le secteur a été relancé. A partir de 2011 et dans la foulée de la politique économique implémentée par le nouveau pouvoir, de nombreuses réformes ont été initiées, dont la plus récente reste la stratégie « Sublime Côte d’Ivoire » qui vise à hisser la Côte d’Ivoire parmi le top 5 des destinations touristiques d’Afrique à travers l’organisation combinée d’événements sportifs et artistiques majeurs, ainsi que la mise en place d’infrastructures capables d’émerveiller le visiteur.

Pour ce faire, entre 2011 et 2013, le gouvernement ivoirien a supervisé et encouragé la construction de 114 établissements hôteliers de moyen standing et de 3 étoiles pour un total de 1980 chambres représentant des investissements globaux de 76,5 milliards de FCFA. Grâce à cela, depuis 2019, le pays a doublé ses capacités hôtelières, le nombre d’hôtel étant passé à 3 320 contre 1 435 en 2011. Ce qui a permis créer 129 000 emplois selon les statistiques du ministère de l’économie et des finances. La Côte d’Ivoire a aussi organisé la dernière Coupe d’Afrique des nations qui a fait déferler sur la ville d’Abidjan et celles de l’intérieur du pays plus d’un million de visiteurs.

La Côte d’Ivoire veut également rentabiliser cet élan en faisant du pays un hub sportif de la sous-région africaine. Pendant ce temps, la gastronomie ivoirienne a acquis dans la foulée une notoriété inégalée. L’attiéké, l’aliment de base des Ivoiriens est désormais inscrit au patrimoine de l’Unesco et s’est exporté des maquis, ces restaurants ivoiriens nichés en plein air dans les rues d’Abidjan et de l’intérieur du pays aux places parisiennes. Même le foutou, l’Alloco, le poisson braisé et le poisson thon grillé à l’huile bouillante se mangent aussi bien à Bamako, Dakar, Ouaga qu’à Paris.

Le tourisme, 7,3% du PIB

Une partie du grand marché d’Adjamé dans la commune commerciale du même nom.

D’un seul coup, le secteur touristique a renoué avec la croissance qui représente désormais 7,3% du Produit Intérieur Brut (PIB) alors qu’il représentait 1,5% du PIB en 2011. Encouragé par ces chiffres prometteurs, la Côte d’Ivoire a renforcé le cadre institutionnel en adoptant un Code du Tourisme qui permet, grâce à Côte d’Ivoire Tourisme, d’assurer la promotion de la destination Côte d’Ivoire.

Parallèlement, le pays continue de multiplier et de moderniser ses infrastructures. Grâce au programme présidentiel, plusieurs sites hôteliers phares ont en effet été réhabilités. Le Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan, symbole de la modernité ivoirienne avec ses 426 chambres est ouvertement en mode séduction, tout comme l’Hôtel des Parlementaires de Yamoussoukro. Celui-ci surplombe le pays Baoulé avec ses 300 chambres et soutient la concurrence avec l’Hôtel Président qui fut longtemps le porte flambeau de l’hôtellerie grand luxe dans la capitale politique de la Côte d’Ivoire. Il y a aussi le Palm Club avec ses 88 chambres spacieuses et neuves, etc.

De nouvelles constructions hôtelières ont également vu le jour. Parmi elles, l’hôtel Azalaï (190 chambres), le Radisson Blue Airport (252 chambres), Hôtel Onomo (118 chambres), le Noom Hôtel (179 chambres) et bien d’autres qui complètent l’immense palette d’hébergement que la Côte d’Ivoire s’est offerte en l’espace de quelques années seulement.

Le pays a aussi misé sur des infrastructures ultra-modernes, d’abord des infrastructures de transport aérien qui ont débuté par la rénovation de l’aéroport international d’Abidjan, un édifice « en pleine mutation », selon les mots du ministre du Tourisme Fofana Siandou, qui doit permettre l’accueil de cinq millions de passagers en phase 1. Puis en phase 2, doubler sa capacité à 10 millions de voyageurs.

Des infrastructures en plein boom

Ensuite par le biais d’une compagnie aérienne solide. En 2024, Air Côte d’Ivoire a pu étoffer sa flotte en acquérant des avions de génération récente. Enfin, il y a eu « tout un maillage des infrastructures routières modernes ou réhabilitées avec la construction de routes neuves », a rappelé, il y a quelques mois, Siandou Fofana, le ministre du tourisme. Et le même d’ajouter: il n’est pas possible d’«oublier la Côte d’Ivoire, il faut faire avec ».

D’autant que la destination Côte d’Ivoire a de nombreux avantages. D’abord sa géographie, sa stabilité politique, son hospitalité légendaire, ses quartiers toujours aussi animés, ses belles plages, sa musiqué colorée, sa gastronomie et son climat apaisé qui en font une destination à découvrir. A tel point la Côte d’Ivoire ambitionne de devenir rapidement un hub du tourisme régional.

Car en plus des offres touristiques balnéaires classiques, le pays met également en avant de nouveaux circuits culturels qui représentent une part importante du tourisme d’affaires. Le pays dispose au surplus d’un autre atout, celui d’abriter un nombre incalculable de sièges et bureaux régionaux de grandes entités et d’institutions internationales telles que la Banque africaine de développement (BAD), le FMI, la Banque mondiale, le Conseil de l’Entente ou encore la bourse régionale des valeurs.

Le rêve africain de la Côte d’Ivoire vaut son pesant d’or. Alors que le cacao dont le pays est le premier producteur mondial subit les contrecoups de la rareté de la pluviométrie et des multiples réglementations de l’Union européenne, le gouvernement ivoirien diversifie ses ressources en misant sur le secteur touristique

Dans le deuxième volet de notre enquète sur le tourisme ivoirien, une chronique signée par Vanance Konan: « Abidjan, la métamorphose d’une ville »