Côte d’Ivoire, des multiples guérisons attribuées au pasteur Chris Ndikumana

Des personnes qui participaient à la croisade animée par le pasteur burundais Chris Ndikumana ont témoigné, certains au pupitre, sur le podium, d’autres sur les réseaux sociaux, avoir été guéris le jour de la cérémonie qui a mobilisé des centaines de milliers de personnes à Abidjan, ou pendant les prières quotidiennes du pasteur via son application ou sa chaîne télé, mais sans que cela ne soit étayé de preuves tangibles.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

Le pasteur burundais Chris Ndikumana

L’ancienne actrice ivoirienne et productrice Hanny Tchelley a témoigné le lendemain de la croisade évangélique d’Abidjan que le pasteur burundais, Chris Ndikumana l’a guérie du Covid-19 en 2020. « J’ai découvert Kanguka (pseudonyme du pasteur burundais, NDLR) lorsque j’ai eu le covid-19, grâce à maman Chekina, servante de Dieu. Clouée sur mon lit, j’ai écouté ses enseignements quotidiens et les témoignages édifiants. J’ai également prié avec l’homme de Dieu Chris Ndikumana et au bout de quelques jours, j’ai été guérie ! », dit-elle.

Depuis la fin de la croisade, des témoignages de guérison miraculeuse ont pris d’assaut les réseaux sociaux où ils sont devenus viraux. Une dame, la quarantaine, qui tenait une béquille a expliqué qu’elle a été guérie d’une hernie discale qui l’incommodait depuis plusieurs années. Ce mal aurait disparu dès qu’elle a entendu les premiers mots du pasteur burundais.

Médiateur entre Dieu et les hommes

Pourtant, il est difficile d’établir la véracité desdits témoignages. Le pasteur burundais, lui, se garde de s’attribuer des pouvoirs particuliers. Car dit-il, c’est Jésus qui guérit, pas lui. « Que ceux qui sont d’accord avec moi pour dire que ce n’est pas Chris Ndikumana qui guérit lèvent la main ! », disait d’ailleurs à ce sujet le pasteur burundais durant son prêche.

A défaut d’être le « Jésus noir », ce qui aurait allongé la liste des prétendants, Chris Ndikumana se voit avant tout comme un médiateur entre le fils de Dieu et les hommes, un intercesseur de choix que le Créateur envoie au hasard de sa volonté dans des pays où il veut manifester sa présence. « Je ne sais pas où on sera la prochaine, c’est Jésus qui me dit où je dois aller », répond-il à une journaliste de son service de communication qui lui demande ce que sera la prochaine étape. Pourtant, dans la réalité, les choses ne sont pas aussi simples.

Car ces croisades sont minutieusement préparées ; ce qui peut prendre parfois des mois ou des années parce qu’elles demandent une énorme logistique qui est coûteuse. Chris Ndikumana n’a d’ailleurs pas manqué de remercier tous les donateurs qui ont contribué à la réussite de la croisade abidjanaise. En revanche, leurs noms n’ont pas été cités. Ce sceau d’anonymat qui recouvre tout ce qui touche à l’argent contribue en particulier aux succès des caravanes du pasteur burundais.

Son application qui permet d’écouter ses prières en français et en anglais est en effet gratuite, tout comme sa webtv, Kanguka » visible sur la plateforme google. Chris Ndikumana les monétise en revanche, ce qui lui permet, avec le nombre de personnes qui l’utilisent  chaque jour– ils étaient encore 500.000-, de disposer d’une entreprise rentable financièrement.

Ni dîme, ni offrandes

A Abidjan, le pasteur burundais a refusé de réclamer une dîme ou des offrandes, ce qui a eu pour conséquence d’augmenter son crédit et d’agrandir son ministère. La question de l’argent est en effet une question centrale dans les Eglises. Pendant les offices religieux, un pasteur ou un prêtre peut parfois demander, selon sa seule volonté, plusieurs tours d’offrandes. D’autres donnent des enveloppes aux chrétiens pour la ramener pleine de billets de banque.

Malgré tout, de nombreux pasteurs ont félicité le pasteur burundais. Parmi eux, le sémillant pasteur évangélique congolais Marcello Tunasi a insisté sur l’humilité de Chris Ndikumana. Il n’est pas le seul à le dire. La croisade d’Abidjan a en effet été organisée par le pasteur ivoirien Mohamed Sanogo, propriétaire de l’Eglise « Vase d’honneur ». Né il y a 50 ans en France, Mohamed Sanogo était musulman jusqu’en en 2002, date à laquelle il décide, dit-il, de donner sa vie à Jésus.

Le pasteur des riches

Il est connu pour encadrer l’éveil spirituel des grosses fortunes du pays, notamment les stars locales et africaines du ballon rond. Mohamed Sanogo a également sous sa direction plusieurs filiales des Eglises « Vase d’honneur », certaines rachetées à leurs propriétaires qui n’arrivaient plus à les rentabiliser.

D’ailleurs, les raisons pour lesquelles il a invité le pasteur burundais à cette croisade restent pour l’instant mystérieuses. En revanche, les centaines de personnes qui ont décidé, à l’occasion, de consacrer leur vie à Jésus se sont réunies le lendemain dans son église, à Angré. Elles font désormais partie de sa communauté.

Un pasteur burundais Chris Ndikumana rassemble 300000 fidèles à Abidjan