Comment les États-Unis ont tué le logiciel espion israélien Pegasus

Le New York Times a révélé lundi 3 avril que l’administration Biden a tenté d’étouffer l’utilisation des outils de piratage fabriqués par la société israélienne NSO tout en tentant d’en conserver l’usage pour elle-même.

Mondafrique avait le premier pointé du doigt le rôle étrange joué par les Etats Unis dans l’affaire Pegasus. « Les fuites qui ont eu lieu massivement dans la presse servent au mieux leurs intérêts (des Etats Unis) tant commerciaux que politiques » écrivions-nous. C’est désormais chose avérée, les Etats Unis ont bel et bien tenté de tuer une technologie qui ne leur appartenait pas tout en tentant d’en conserver l’usager pour eux-mêmes.

Le New York Times a révélé lundi 3 avril que l’administration Biden a tenté d’étouffer l’utilisation des outils de piratage fabriqués par la société israélienne NSO tout en tentant d’en conserver l’usage pour elle-même.

Un contrat secret

Le contrat qui a été finalisé le 8 novembre 2021 devait rester secret. Ce contrat a été signé entre une société écran derrière laquelle se dissimulait le gouvernement américain et la filiale américaine de la société israélienne NSO Group.

Dans le cadre de cet accord, la société israélienne NSO Group a donné au gouvernement américain l’accès à un outil de géolocalisation qui donne à son utilisateur les moyens de suivre secrètement n’importe quel téléphone portable, n’importe ou dans le monde, généralement à l’insu propriétaire du téléphone et sans son consentement.

La dimension secrète de l’accord était inhabituelle, mais ce qui rend ce contrat secret extraordinaire est que, cinq jours plus tôt, l’administration Biden a annoncé qu’elle plaçait NSO sur une liste noire du Département du commerce. Pour la Maison Blanche, le message était que NSO représentait une menace pour la sécurité nationale et que les entreprises américaines devraient cesser de faire affaire avec elle.

Or, une fuite a placé entre les mains du New York Times le contrat secret signé par le gouvernement des Etats Unis et qui stipule que le « gouvernement des États-Unis » a vocation à être l’utilisateur final de l’outil d’espionnage mis au point par NSO. Ce qui n’apparait pas dans le contrat est le nom de l’agence gouvernementale (FBI, CIA,…) qui sera autorisée à utiliser le logiciel espion. 

La Maison Blanche et les agences de sécurité concernées ont refusé de commenter.

Le dilemme des États

Le contrat secret éclaire le dilemme des Etats. Les cyberarmes donnent aux gouvernements le pouvoir de surveiller à peu près tout le monde (journalistes, espions, mafieux…), mais la généralisation de ces outils est susceptible de générer toutes sortes d’abus qui réduisent à néant la démocratie. IL faut donc l’interdire tout en gardant la possibilité d’utiliser de telles armes.

Très concrètement, l’administration Biden a poussé NSO à la faillite dans le but d’éliminer une entreprise dangereuse, mais a manœuvré en sous-main dans le but de conserver le monopole de Pegasus, l’outil de cyber-espionnage produit par NSO et qui demeure encore aujourd’hui sans équivalent.

Cette administration Biden qui se veut une administration morale qui prétend gouverner et élaborer une diplomatie en fonction de « valeurs » ne se conduit pas autrement qu’en hypocrite en affirmant une chose d‘un côté et en agissant tout autrement de l’autre.

Les Américains à l’origine des révélations contre le logiciel Pegasus

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