Une grande conférence d’Emmanuel Macron pour aider la Syrie nouvelle

 

A l’initiative du président français Emmanuel Macron, s’ouvre, le jeudi 13 février 2025, une grande conférence internationale à Paris, pour aider la Syrie nouvelle à se stabiliser politiquement et économiquement.

Augustin Lempereur

Politiquement, se sont déjà réunis à Paris, à l’Institut du Monde Arabe, le 12 février dans l’après-midi, quatre cents représentants de la société civile syrienne, afin d’émettre des recommandations pour l’autorité de transition présidée par Ahmed al-Chaara. Après avoir administré l’enclave d’Idlib sous supervision turque, cet ancien chef du mouvement islamiste  HTS s’est emparé de Damas le 8 décembre 2024, alors que fuyait vers Moscou le président baasiste Bachar al-Assad.

Pour un Frère musulman, al-Chaara a montré beaucoup d’écoute, de prudence, d’ouverture. Rares ont été les incidents violents visant les minorités ethniques ou religieuses en Syrie depuis le 8 décembre. Certes, il y a eu des exécutions sommaires d’Alaouites liés à l’ancien régime, mais elles n’avaient pas été décidées par le président intérimaire.

Le 13 février 2025 à 8H00, le ministre syrien des affaires étrangères, M. Chibani, et son homologue français M. Barrot, reçoivent ensemble au Quai d’Orsay une délégation de la société civile syrienne, qui leur remettra les conclusions de la séance de l’Institut du Monde Arabe.

La métamorphose d’Ahmed al-Chaara

Ahmed al-Chaara a le mérite d’écouter les messages qui lui viennent de l’extérieur comme de l’intérieur. Le 12 février, Damas a annoncé qu’un gouvernement serait formé début mars, intégrant TOUTES les composantes de la société syrienne.

Economiquement, la Conférence de Paris est importante car elle réunit, le 13 février durant la matinée au Quai d’Orsay, toutes les grandes institutions financières internationales prêtes à aider à la reconstruction de la Syrie (Banque mondiale, AFD, Banque arabe de développement, PNUD, etc.). Ces institutions ont été convoquées pour mettre au point un programme précis et coordonné d’aide à la Syrie. C’est seulement ensuite, une fois le cadre fixé, qu’on convoquera une réunion des donateurs.

Diplomatiquement, on voit la Syrie sortir définitivement de son isolement. M. Chibani aura en face de lui les ministres des affaires étrangères du G7, des grands pays arabes (y compris tous les voisins de la Syrie), le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et la directrice générale de la politique méditerranéenne de l’Union européenne.

Les sanctions européennes viennent d’être suspendues sur les secteurs des transports et de l’énergie. Les Etats-Unis ont émis des waivers (mesures dérogatoires) par rapport aux mesures d’embargo très strictes qu’imposait le Caesar’s Act . C’est une chose importante car al-Chaara s’était plaint que l’Amérique exigeât de lui la sécurité sur l’ensemble du territoire syrien tout en maintenant ses sanctions. « C’est comme me demander de nager avec les mains liées », avait dit le nouvel homme fort de la Syrie.

Toutes les conversations politiques se tiendront à huis clos au Quai d’Orsay dans l’après-midi du 13 février. Le président de la République viendra lui-même clôturer la conférence.

Les Français ont voulu faire le grand jeu pour la Syrie nouvelle. Ils ont raison car, pour le moment, force est de reconnaître que la Syrie d’al-Chaara joue le jeu.