Le principal opposant centrafricain, Anicet Georges Dologuélé, renonce officiellement à sa nationalité française, preuve de son engagement pour la Centrafrique.
Dans un geste rare et solennel, Anicet Georges Dologuélé a officiellement renoncé à sa nationalité française par décret individuel publié au Journal Officiel de la République Française en date du 27 août 2025 (Texte 74). Ce décret n’est pas un simple document administratif : c’est un tournant politique, juridique et symbolique. Dologuélé perd ainsi la qualité de citoyen français, ses droits civiques et politiques en France, sa protection diplomatique et consulaire, son passeport et ses titres d’identité français. La publication au Journal Officiel rend cette décision immédiatement exécutoire, tant en France qu’à l’international. Cet acte marque un engagement exclusif envers la République centrafricaine.
La nouvelle Constitution centrafricaine, adoptée par un référendum truqué le 30 août 2023, avait redéfini les critères d’éligibilité à la magistrature suprême en imposant à tout candidat à la présidence d’être non seulement centrafricain d’origine, c’est-à-dire né de deux parents centrafricains eux-mêmes nés en Centrafrique mais aussi de ne posséder que la nationalité centrafricaine, excluant toute forme de double nationalité. Ces dispositions avaient été introduites dans le but d’écarter le chef de fil de l’opposition centrafricaine et d’autres candidats politiques majeurs pour laisser place nette à des candidatures adoubées par l’exécutif centrafricain. Désormais, ce frein est levé. Né à Bozoum en 1957, issu de parents centrafricains de naissance, Dologuélé répond aux critères d’origine exigés par la Constitution. Sa renonciation volontaire à la nationalité française, validée par décret, confirme qu’il ne possède plus que la nationalité centrafricaine.
Ancien Premier ministre, économiste reconnu, président de nombreuses années de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), Dologuélé incarne une vision politique fondée sur la compétence, la stabilité et le respect des institutions. Son choix de renoncer à une nationalité européenne, dans un monde où la double appartenance est souvent perçue comme un privilège, témoigne d’un engagement profond pour son pays, la République centrafricaine. Avec ce décret, Anicet Georges Dologuélé rentre pleinement dans le cadre juridique défini par la Constitution de 2023. Dans une Centrafrique en quête de cohésion et de leadership, son profil républicain et son parcours sans tache rallument l’espoir d’une gouvernance apaisée et visionnaire.
Touadéra face à ses responsabilités
Faustin-Archange Touadéra pensait verrouiller le jeu politique en redessinant les règles à sa mesure. Mais à trop vouloir exclure ses adversaires, il pourrait bien s’être exclu lui-même. Car la Constitution qu’il a imposée au peuple centrafricain en 2023, à travers un référendum truqué, exige des critères d’éligibilité à la présidence que lui-même peine à remplir.
L’article 82 de la nouvelle Constitution est limpide : tout candidat à la magistrature suprême doit être « de nationalité centrafricaine d’origine, né de père et de mère centrafricains, et n’avoir jamais acquis une autre nationalité ». Or, depuis des années, des doutes persistent sur les origines paternelles de Touadéra. Selon des sources sérieuses, son père serait un chauffeur peul, originaire du Niger, ayant travaillé à Bangui pour la société de transport SDV. Sa mère, Ngbaka-Mandja, l’a élevé seule. Touadéra ne serait pas centrafricain d’origine au sens de sa propre Constitution. Malgré ces doutes sérieux, aucune clarification officielle n’a jamais été apportée par l’intéressé qui s’autorise à garder le silence sur sa filiation, n’ayant jamais publié son acte de naissance. Le silence est total. Une omerta qui interroge et qui alimente les soupçons. Le Mouvement Cœurs Unis, parti présidentiel, s’aligne sur cette stratégie du silence. Aucun cadre ne s’exprime sur la question des origines du chef de l’État. Ce mutisme est révélateur : il trahit une gêne, une peur, une volonté de dissimuler. Mais dans une République digne de ce nom, la transparence n’est pas une option. Elle est une exigence.
Peut-on accepter qu’un président brigue un troisième mandat sans prouver qu’il respecte les critères qu’il a lui-même édictés ? Peut-on tolérer que des zones d’ombre subsistent sur un sujet aussi fondamental que la nationalité d’origine ? La réponse est non. Faustin-Archange Touadéra doit répondre au peuple centrafricain et rendre public son extrait d’acte de naissance qui permettrait de savoir si oui ou non son papa justifiait de la nationalité centrafricaine. Sinon, selon les termes de la constitution de 2023, il ne pourra pas briguer de nouveau mandat à la Présidence de la République.