Lors d’une interview accordée à France 24 et à Radio France Internationale à Libreville le 25 mars 2025, Brice Oligui Nguema a affirmé qu’il n’était pas question d’une libération de l’ancienne première dame et de son fils aîné, mais qu’un « procès aura lieu » et qu’il sera « équitable ».
Par Jocksy Andrew Ondo-Louemba
« Je ne songe à rien faire ». C’est en ces termes que, lors d’une interview à France 24 et à RFI, le général Brice Oligui Nguema a balayé d’un revers de la main les informations concernant la possible libération de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin Bongo. En effet, Sylvia Bongo, ancienne première dame, avait été arrêtée en marge du coup d’État qui a renversé Ali Bongo le 30 août 2023. Son fils, Noureddin Bongo, qui avait occupé pendant moins de deux ans le poste de coordinateur général des affaires présidentielles, avait été arrêté le 29 août 2023 à son domicile, quelques heures avant l’annonce officielle du coup d’État.
« Le procès aura lieu et il sera équitable »
Brice Oligui Nguema a donc promis un procès qui pourrait bien se tenir cette année pour Sylvia et Noureddin Bongo. « Pour les crimes, on peut aller jusqu’à deux ans d’enquête », a-t-il déclaré, estimant que leur culpabilité ne faisait aucun doute. « C’est facile pour un voleur de dire : « Je suis innocent » », a-t-il ajouté avant de préciser : « Ali Bongo ne signait aucun document », faisant référence au dossier d’instruction, qui comporterait des preuves, parmi lesquelles « un cachet »…
Des affirmations qui ont été démenties par Jalil Bongo le fils cadet d’Ali Bongo sur X anciennement Twitter le 27 mars dernier : « Comme mon père l’a expliqué au Procureur, à la juge d’instruction et à l’avocat de l’Etat présents à son interrogatoire en Janvier 2024 lorsque j’étais encore séquestré à ses côtés : mon père utilisait bien un cachet de sa main gauche au tout début de sa rééducation. Ce n’était pas un secret. Par ailleurs, il a toujours lui et lui seul signé les documents officiels, notamment le décret nommant le Général Oligui Commandant en Chef de la Garde Républicaine. Enfin il a lui-même signé le procès-verbal de cet interrogatoire de Janvier 2024, en présence des personnes susmentionnées et à l’agréable surprise de la juge d’instruction ».
Contre-offensive
Face aux révélations – notamment de Mondafrique – sur les mauvais traitements et autres actes de torture et de barbarie infligés à Sylvia Bongo et à son fils, le régime avait d’abord choisi de ne pas réagir. Dans un deuxième temps, Brice Oligui Nguema avait qualifié ces révélations « d’agitation médiatique » et s’était abstenu de commenter le volet judiciaire de cette affaire en France, notamment l’ouverture en janvier dernier d’une instruction par un magistrat du pôle crimes contre l’humanité du tribunal de grande instance de Paris.
Mais, dans un troisième temps, Brice Oligui Nguema aurait laissé entendre qu’il pourrait libérer Sylvia Bongo et son fils, ainsi que mettre fin à la résidence surveillée de facto d’Ali Bongo.
Le choix d’un procès, tel qu’annoncé par Brice Oligui Nguema, s’apparente donc à une contre-offensive de sa part. « Au Gabon, on respecte les droits de l’homme », a-t-il tranché.
Des militaires inquiets
Toutefois, cette assurance affichée par Brice Oligui Nguema masque mal les inquiétudes des quatre officiers de la Garde républicaine poursuivis par la justice française dans cette affaire. Parmi eux, figurent deux de ses propres frères, influents au sein de la Garde républicaine, qui redoutent de plus en plus d’être inquiétés par la justice française. Eux qui apprécient les douceurs des restaurants parisiens craignent désormais de se retrouver un jour menottés.
Pour l’heure, Brice Oligui Nguema – qui, contrairement à ses dires, n’a pas quitté l’armée – se veut goguenard, protecteur et rassurant : « Avez-vous déjà vu un général qui a peur de quelqu’un ? »