Le chef de l’Etat sénégalais s’apprête à dissoudre le parlement. Il a déjà consulté, à cette fin, le conseil constitutionnel qui lui a rappelé la procédure à suivre.
Correspondance, Bati Abouè
C’était écrit. Et maintenant, cela va devenir une réalité. Pour appliquer le programme sur lequel il a été élu par 54,28% de sénégalais, Bassirou Diomaye Faye a en effet besoin d’une assemblée nationale dominée par son parti, à savoir Les patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.
Car à Dakar, l’ancien régime domine encore l’Assemblée nationale avec sa coalition « Unis par l’Espoir » qui détient 82 sièges. Suivent « Libérer le peuple » d’Ousmane Sonko et ses 56 sièges et « Sauver le Sénégal » conduit par le Parti démocratique sénégalais (MDS) de l’ancien président Abdoulaye Wade qui totalise 24 sièges.
Certes le départ d’Amina Touré, l’ex-première ministre de Macky Sall, a coûté quelques postes à la coalition de l’ancien président. Malgré tout, celle-ci reste la plus grande force parlementaire à l’heure actuelle. Pour s’en débarrasser, aucune autre solution ne se présente au président que celle de dissoudre l’Assemblée nationale. Et c’est ce qu’a choisi Bassirou Diomaye Faye en prenant soin de consulter le conseil constitutionnel qui lui a rappelé la loi et la procédure en vigueur. Celle-ci stipule que les députés en fonction doivent terminer les deux premières années de la législature, à partir de la date de leur prise de fonction.
Retrouver le pouvoir dans 5 ans
L’actuel parlement ayant été élu en 2022, le président sénégalais peut donc le dissoudre. Cela dit, il a trois mois à compter de la date de signature du décret de dissolution pour organiser, d’une part, de nouvelles élections des députés et installer, d’autre part, la nouvelle législature.
Selon des sources proches du parlement, la dissolution pourrait intervenir dès le mois de septembre prochain. L’ancien parti au pouvoir travaille d’ailleurs sur ce scénario depuis plusieurs mois en prévoyant, entre autres, de rajeunir la direction du parti afin d’attirer plus de jeunes sénégalais. En revanche, l’Alliance pour la République (APR) ne sait toujours pas avec quel leader le parti va s’opposer au régime du président Bassirou Diomaye Faye. Il y en a en effet qui attendent que l’ancien président Macky Sall qui n’a pas encore démissionné officiellement de la tête du parti reprenne la tête du parti, tandis que pour d’autres et, notamment, l’ancien ministre de la culture, Amadou Ba a la carrure de diriger le parti et de le ramener au pouvoir dans 5 ans.