Le jeudi 29 septembre fut un jeudi noir pour l’armée malienne, qui a connu plusieurs revers militaires aux mains des jihadistes. Mais ses ennuis ne s’arrêtent pas là. L’article d’Arezki Daoud, analyste géopolitique, pour le North Africa Journal, basé à Boston, révèle l’ampleur de la situation.
L’armée malienne a signalé des attaques contre deux de ses postes dans le nord et l’ouest du pays, un groupe djihadiste lié à Al-Qaïda ayant revendiqué l’un d’entre eux. Mercredi soir, l’armée a affirmé sur les réseaux sociaux avoir « déjoué des tentatives d’attentats » de « terroristes » à Mourdiah, dans l’ouest du pays. L’armée a fait état de victimes parmi les assaillants, mais n’a donné aucun autre détail. L’armée qualifie communément les djihadistes de « terroristes ». Mercredi, elle avait affirmé avoir repoussé une attaque de grande ampleur à Acharane, dans la région nord de Tombouctou. L’armée n’a fourni aucune autre information sur cet incident. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadiste liée à Al-Qaïda, a revendiqué, sur la plateforme de propagande Al-Zallaqa, l’attaque contre des soldats maliens et leurs alliés du groupe paramilitaire russe Wagner à Acharane, selon les informations de SITE, une ONG américaine spécialisée dans la surveillance des groupes radicaux.
Cette opération a débuté par un attentat suicide, suivi d’un assaut à l’arme lourde et légère, selon le GSIM. Le groupe affirme avoir tué de nombreux soldats et en avoir capturé un autre. Il a également affirmé avoir pris le contrôle du poste et y avoir mis feu, capturant six véhicules et une grande quantité d’armes et de munitions. Il est difficile de vérifier ces affirmations dans des zones aussi reculées où l’accès à des sources indépendantes est difficile.
La menace du séparatisme
La junte au pouvoir au Mali, qui a pris le pouvoir en 2020, est confrontée à une multitude de défis sécuritaires dans tout le pays. Elle tente frénétiquement de minimiser la situation à Tombouctou. Outre l’insurrection jihadiste, le nord du Mali est également menacé d’une offensive de groupes séparatistes majoritairement touaregs et arabes. Les groupes séparatistes se sont emparés de Tombouctou en 2012 avant de perdre la ville au profit des jihadistes qui ont détruit certains de ses célèbres mausolées, provoquant un outrage international. Depuis fin août, le nord du Mali connaît une reprise des hostilités de groupes armés majoritairement touaregs contre l’armée malienne, et une intensification des attaques djihadistes. Cette recrudescence coïncide avec le retrait en cours de la force de stabilisation des Nations Unies, la MINUSMA, qui a été chassée du pays par la junte au pouvoir.
Politiquement et militairement, elle s’est tournée vers la Russie. De nombreux observateurs affirment qu’elle s’est adjoint les services de Wagner, malgré ses dénégations constantes. La junte a fait du rétablissement de la souveraineté sur l’ensemble du pays un de ses mantras et prétend inverser la tendance sécuritaire. Cependant, divers experts font état d’une dégradation de la situation dans un pays plongé dans la tourmente depuis 2012.
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