L’arrestation par les services du renseignement militaire (DCSA), sous l’injonction du chef d’état major, le général Chengriha de deux généraux ainsi que trois colonels issus de la garde républicaine, chargée de la sécurité de la Présidence, est un nouveau témoignage des luttes intestines qui se poursuivent au sein de l’institution militaire.
Les arrangements et les affrontements au sein du pouvoir algérien à trois mois de la Présidentielle sont à peu près aussi compliqués à décrypter que les alliances du deuxième tour qui se dessinent, mais sur un temps plus ramassé, pour les législatives françaises.
Les conflits au sein du sérail militaire se superposent et dessinent une hiérarchie militaire toujours à la recherche de son point d’équilibre. Ces derniers mois, les dizaines de militaires sous contrôle judiciaire, voire en prison, ainsi que les mises à l’écart brutales comme tout récemment au sein de la garde républicaine, témoignent de la difficulté de l’exercice.
« Mondafrique » avait évoqué dans un précédent article comment un axe se dessinait en vue de la Présidentielle de septembre entre le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune et le patron de l’armée, Saïd Chengriba. Cet hiver, les deux hommes avait semblé mettre en cause la nomination du nouveau chef du contre espionnage algérien (DCSI), le général Abdelkader Haddad, dit « Nacer El Djinn », un compagnon de route du fameux général Toufik, l’ex chef des services algériens ( ou DRS) pendant un quart de siècle devenu le vrai patron de l’Algérie.
Nommé à la tète du « Centre Principal militaire d’investigation » (CPMI), chargé d’interroger sans ménagement les suspects soupçonnés d’ »activité subversive » après une courte disgrâce où il s’était installé en Espagne, Nacer ElDjinn apparaissait comme une prise de guerre de l’ex DRS de Toufik -« l’État profond »-, comme on dit à Alger. Cette forte personnalité était à même de faire de l’ombre au Président Tebboune, ou du moins de limiter sa marge d’action s’il était réélu en septembre comme cela semble probable. Une longue période de tractations s’en est suivi qui a conduit finalement et contre toute attente à la confirmation de la nomination du général Haddad à la tète du contre espionnage, mais, nous dit-on, après qu’il ait fait allégeance au clan présidentiel.
« La période actuelle, confie un militaire à Mondafrique, est caractérisée par une divorce au sein de l’ex DRS entre ceux qui rejoignent la Présidence et ceux qui font de la résistance ». Certains peuvent d’ailleurs appartenir tout à tout à chacun de ces deux camps, une forme de nomadisme que l’Algérie officielle n’est pas la seule à connaitre!
Autre chicaya au sein de l’armée, un groupe s’est constitué au plus haut niveau qui échappe largement aux réseaux du chef d’état major, le général Chengriha et qui prétend constituer un utile contrepoids à l’autorité de ce dernier, sans pour autant entrer en dissidence. Ce trio est composé du général Ali Sidane, chef de la première région militaire, la plus forte en effectifs et en armes qui protège Alger et le centre du pays, du général Ben Ali Ben Ali, le chef inamovible de la garde républicaine et le plus haut gradé de l’armée algérienne, et le général Ammar Atamnia, le commande des forces terrestres, ce corps prestigieux et faiseur de rois d’où est issu généralement le patron de l’armée algérienne. Du lourd.
La décision du général Chengriha d’écarter cinq hauts gradés de la garde républicaine, un des trois corps de l’armée qui lui résiste, s’inscrit dans une volonté d’exercer sa pleine autorité sur l’ensemble des forces militaires.
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