C’était une nationalité que beaucoup ne s’attendaient pas à voir figurer en haut de la liste des pays étrangers victimes de l’attaque du Hamas en Israël : 22 Thaïlandais, des ouvriers agricoles travaillant dans les kibboutz situés le long de la frontière avec la bande de Gaza, ont été tués samedi lors de l’assaut.
Après les Américains, les ressortissants du royaume de la Thaïlande sont ainsi , selon le dernier décompte morbide des victimes, la deuxième nationalité la plus endeuillée après les Américains ( 22 morts), et devant les Français (12 morts).
Lors d’une déclaration faite jeudi à Bangkok, la porte-parole du ministère des affaires étrangères a également fait état de huit blessés et, surtout, de onze ressortissants de ce royaume d’Asie du sud-est pris en otage par les combattants islamistes.
Les Thaïlandais, qui seraient une trentaine de milliers (!) à travailler en Israël, sont le plus souvent employés dans le secteur de l’agriculture. Et quelque 5000 d’entre eux le sont dans les zones à risque, proches de Gaza. Au fil des années, à mesure que se détérioraient les relations entre Israël et Gaza, ils ont peu à peu remplacé les travailleurs palestiniens dans les champs. En 2012, un accord entre les gouvernements israélien et thaïlandais a fixé un quota annuel de 6500 ouvriers. En général, ils sont payés l’équivalent de 1422 euros mensuel. ( Le salaire moyen est d’environ 500 euros en Thaïlande)
Les champs agricoles, principale cible
Pour la plupart originaires des provinces de la région de l’Isan (Nord-est, en thaï), qui comptent parmi les plus pauvres du pays, ces ouvriers sont par ailleurs parmi les plus susceptibles, dans des circonstances « normales », de faire les frais des dangers liés à la position géographique de leurs lieux de travail et de résidence : selon les dires de l’ONG israélienne Kav Loved, les employeurs demandent souvent à leurs ouvriers de continuer à travailler dans les champs quand tombent des missiles envoyées par le hamas depuis Gaza… Une occurrence fréquente dans la région, même avant l’ampleur sans précédent de l’attaque de samedi. Les exigences de ces patrons là sont naturellement des pratiques interdites par les autorités israéliennes. Toujours selon cette même ONG, qui a révélé ces informations dans un rapport publié en 2021, ces travaux à haut risques auraient fait ces dernières années des blessés et même des morts parmi les ouvriers thaïlandais.
Les Thaïlandais ne sont pas les seuls asiatiques à travailler en Israël : Plus de deux cents étudiants népalais étudient en ce moment en Israël dans le cadre de « stages » proposés par des universités de Katmandou à des fins de formation d’ingénieurs agronomes. 10 d’entre eux sont morts lors de l’attaque.
Même si certains Thaïlandais s’étaient peut-être habitués, tout comme les résidents des kibboutz et d’autres employés étrangers, à vivre dans des zones potentiellement dangereuses, l’offensive du hamas a agit comme un électrochoc : plus d’un millier de Thaïlandais ont déjà été rapatriés dans leur pays et d’autres attendent des avions spécialement affrétés de quitter Israël.