La bataille diplomatique fait rage pour la succession de la Sud-Africaine Ndlamini Zuma à la présidence de la Commission de l’Union africaine, prévue le 30 janvier 2017. Le président sénégalais Macky Sall n’a pas manqué de plaider la cause d’ Abdoulaye Bathily, lors de sa récente visite officielle en France. L’ ancien représentant des Nations Unies en Afrique centrale ne manque certes pas d’atouts. Cet historien soninke de 69 ans est apprécié dans les cercles onusiens. Il peut compter sur le dynamisme de la diplomatie sénégalaise, avec à sa tête Mankeur Ndiaye, qui a obtenu pour le Sénégal un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’Onu (2016-2017).
Concurrence tchadienne
Face à lui, le candidat tchadien Moussa Faki Mahamat, ancien Premier ministre (2003-2005) et ministre des Affaires étrangères depuis 2008, paraît être le candidat le plus redoutable. Le président Idriss Deby Itno, président en exercice de l’Union africaine, fait une campagne plus discrète mais efficace pour son homme de confiance, appartenant également à l’ethnie Zaghawa. Âgé de 56 ans, Moussa Faki bénéficie d’une plus grande notoriété qu’Abdoulaye Bathily et peut compter sur son important réseau international qu’il a pu constituer depuis son entrée au gouvernement, en 2002. Dirigeant actuellement le conseil des ministres des affaires étrangères de l’Union africaine, Moussa Faki est déjà un peu chez lui à Addis Abeba. Ce diplomate chevronné connaît parfaitement tous les dossiers des crises affectant le continent africain, tout en ménageant les susceptibilités des uns et des autres.
Nul doute que les interventions du Tchad au Sahel et contre Boko Haram pèseront aussi de tout leur poids et ne manqueront pas de susciter des brèches dans le soutien de la Cedeao à Abdoulaye Bathily. Le Secrétaire général tchadien de la Communaute Economique des Etats d’Afrique Centrale, Ahmat Allami, sera aussi un allié à la candidature de Moussa Faki, auprès des onze Etats membres de cette organisation régionale, d’autant que la gestion des crises en Afrique centrale par Abdoulaye Bathily a suscité quelques déceptions. De même la proximité du Sénégal avec le Maroc, notamment au sujet du Sahara occidental, n’est pas appréciée de tous les membres de l’Union africaine et pourrait desservir Abdoulaye Bathily.
Nul doute que prochain Sommet Afrique-France de Bamako prévu pour janvier 2017 constituera l’ultime round de ce match entre deux États francophones qui embarrasse au plus haut point l’Élysée. La candidature d’Alpha Condé à la présidence de l’Union africaine bénéficiant du soutien de la Cedeao, avec de bonnes chances d’élection, pourrait permettre de sortir de ce dilemme et renforcer les chances d’un succès de Moussa Faki, à moins que les deux challengers se neutralisent et laissent la victoire à la ministre des Affaires étrangères du Kenya, Amina Mohamed.