Le flamboyant homme d’affaires algérien Issad Rebrab, un des rares en Algérie à avoir bâti avec Cevital (18000 salariés) un véritable groupe industriel algérien et à avoir résisté aux attaques du clan Bouteflika jusqu’en 2019, a été placé sous contrôle judiciaire le 18 mai, avant de se voir interdire, le 23 mai, de gérer un commerce ou diriger une entreprise. Une tentative de neutraliser le principal financier des anciens hauts cadres du DRS (ex services algériens) du général Mohamed Medien, alias Toufik
Cet homme d’affaires, un des seuls à avoir su injecter des fonds à l’étranger, qu’il s’agisse de l’Italie, du Brésil ou de la France et à être parvenu à nouer des relations fortes aussi bien avec Emmanuel Macron qu’avec Arnaud Montebourg, alors ministre de l’Industrie de François Hollande, a constamment, ces dernières années, provoqué l’hostilité des autorités politiques algériennes.
Le clan Bouteflika a bloqué beaucoup de ses projets. Said Bputefflika, le frère de l’ex Président aujourd’hui emprisonné, a tenté de le remplacer sur l’échiquier industriel par des oligarques amis; enfin Gaïd Salah l’avait placé en détention en 2019 en raison de se liens avec l’État profond, à savoir les amis du général Toufik, qui fut, à a tète des services secrets, le véritable patron de l’Algérie jusqu’en 2015. Sans compter l’animosité que ses succès économiques et son influence politique, via les journaux « Liberté » et « le soir d’Algérie », provoquaient au sein d’un sérail marqué par le nationalisme et l’étatisme hérités de Boumedienne. » L’Algérie n’a pas besoin d’un Berlusconi », nous confie un ancien ministre algérien des Affaires étrangères.
Pour autant, Issad rebrab était resté insubmersible. Aujourd’hui encore et alors qu’il est interdit d’exercer ses fonctions par la justice algérienne, son fils Malik, qui l’a remplacé à la tète du groupe Cevital, accompagnait avec une soixantaine de chefs d’entreprisele président Tebboune au forum, le 24 mai, entre le Portugal et l’Algérie.
L’ombre de la Présidentielle .
Pourquoi ces nouvelles attaques judiciaires contre l’industriel? Alors que la Présidentielle algérienne devrait avoir lieu en 2024, l’influence d’issad Rebrab, fort de ses liens à l’international et de ses réseaux au sein des services, inquiète en haut lieu. On se souvient que cet homme d’influence a penché contre le quatrième puis contre le cinquième mandat de Bouteflika, qu’il aura été un des personnalités à descendre dans la rue au début du Hirak et qu’enfin il sut mobiliser, le 11 décembre 2018, des milliers de citoyens kabyles à Bejaia pour défendre ses projets. Le président Tebboune qui prétend se représenter à un deuxième mandat veut impérativement le réduire au silence dans une phase aussi délicate.
Quoi de plus efficace qu’un chantage judiciaire pour neutraliser un possible trouble fête?
Algérie, la prise en otage d’Issad Rebrab