L’administration libyenne basée à Tobrouk dans l’est du pays a voté mardi la suspension de son premier ministre, Fathi Bachagha, soutien constant la politique agressive du Maréchal Haftar à l’égard du gouvernement de Tripoli. Or l’heure est aujourd’hui à la négociation
Déchirée depuis 2011, la Libye est divisée entre deux gouvernements rivaux, chacun soutenu par des mécènes internationaux et de nombreuses milices armées. On distingue un premier gouvernement libyen basé à Tripoli dirigé par le Premier ministre Abdul Hamid Dbeibah. et un second installé à Tobrouk, animé par son Premier ministre aujourd’hui démis, Fathi Bachaga
Dans une déclaration enregistrée envoyée à l’Associated Press, Abdullah Belhaiq, le porte-parole du Parlement de Tobrouk, a critiqué M. Bachagha pour ne pas avoir tenu la promesse du gouvernement d’entrer dans la capitale, Tripoli, siège de l’administration rivale.
M. Bachagha, qui a été élu premier ministre en février 2022, a tenté d’installer son gouvernement dans la capitale en mai dernier, arrivant à Tripoli avec un certain nombre de ses ministres. Des affrontements avaient rapidement éclaté entre milices rivales, forçant l’ancien pilote de l’armée de l’air à se retirer dans la ville de Syrte, la ville légendaire du clan Khadafi.
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Changement de pied du Maréchal Haftar
Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye et chercheur associé au Royal United Services Institute, estime que le premier ministre suspendu a peut-être trop servi la politique agressive Khalifa Hafter, commandant de l’autoproclamée armée nationale libyenne qui reste la force armée dominante dans l’est et le sud du pays.
Le vent international est entrain de tourner. Les Émiratis et les Russes ont d’autres dossiers à traiter que l’imbroglio libyen. Les Turcs avancent leurs pions et confirment leur présence en Tripolitaine. Hafter et sa famille, qui ont compris que les rapports de force internationaux avaient changé, ont engagé des pourparlers réguliers avec le neveu de Abdul Hamid Dbeibah ainsi qu’avec des chefs de milices de l’ouest du pays.
Le représentant spécial de l’ONU pour la Libye, Abdoulaye Bathily, a dévoilé fin février une nouvelle initiative visant à conduire le pays divisé aux urnes avant la fin de l’année 2023. Les deux parlements se sont mis d’accord sur la création d’un comité conjoint chargé de rédiger une loi électorale en vue du scrutin, mais les progrès se sont ralentis depuis.
Un précédent processus sous l’égide de l’ONU a mis en place un gouvernement intérimaire – avec Dbeibah à sa tête – au début de l’année 2021, dans le but de guider le pays vers des élections plus tard dans l’année. Les élections n’ont jamais eu lieu à la suite de désaccords sur plusieurs questions clés, y compris l’éligibilité des candidats à la présidence.
*Source : Africanews