Dans le but de se refaire une nouvelle image, la Sonatrach, première compagnie pétrolière en Afrique et poumon de l’économie algérienne, vient d’ouvrir des sessions de formation certifiée pour ses cadres gestionnaires.
Les formations touchent essentiellement le secteur de la gestion managériale dont les cadres sont constamment exposés aux tentatives de corruption des multinationales ou des cabinets i de consulting opérant pour des marchés attractifs. .La cérémonie de remise des certificats s’est tenue, ce vendredi, le 9 février à Oran en présence du PDG de la compagnie, Toufik HEKKAR
La Sonatrach, État dans l’État
Beaucoup de cadres subalternes ont payé le prix d’une gestion opaque de la compagnie par des responsables issus du groupe, mais imposés par un système politico-militaire gangréné par la corruption. La politique de la rente qui sévit dans le pays est synonyme de la bonne santé de la première compagnie d’Afrique. Or son rendement positif actuel est lié aux demandes du marché énergétique à l’échelle mondiale. La courbe de la corruption se déploie en parallèle avec les entrées en devises.
La politique de l’achat de la paix sociale au moment de crise, à l’image des émeutes de 2011, de l’arrosage de la clientèle politique du système, des syndicats, de la mise au pas des médias nationaux ainsi que l’achat du silence des médias internationaux, sont liés à la bonne santé de la Sonatrach. La stabilité du système et du pays en dépendait.
Le fantôme de Chakib Khellil
Le discours du PDG de la Sonatrach n’a pas évoqué les crises successives de corruption qui ont affecté la compagnie. L’affaire ENIE- SAIPAM qui a mis en cause Chakib Khellil, ce protégé et proche entre tous du président Bouteflika qui vit aux États-Unis (1).Lequel était l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par le procureur d’Alger, Belkacem ZOGHMATI, très proche à l’époque des services algériens avant de devenir ministre de la Justice. Le but de cette mise en cause judiciare était ce protégé de Bouteflika devienne Premier ministre puis soit désigné comme son successeur..Le deuxième protagoniste de ce dossier de corruption était Farid Bejaoui, accusé par la justice Italienne d’avoir empoché plus de 205 millions d’euros de pots de vin en 2007 et 2008.
Patron de la Sonatrach, Abdelmoumen OULEDKADOUR n’a pas eu la chance de son prédécesseur. Impliqué dans l’affaire de l’acquisition en 2018 de la raffinerie vétuste d’AGOSTA, en Italie, par la Sonatrach dont il était le PDG au prix de 800 millions d’euros. Auparavant, il était impliqué dans l’affaire BRC « Brown Root and Condor » une jointe venture entre l’américain kellog Brown et Sonatrach dissoute en 2007. La Compagnie pétrolière algérienne a perdu plus de 2,1 milliards de dollars. Dans les deux affaires, l’IGF « l’inspection général des finances » a constaté des opérations de surfacturations, des surcoûts, et la présence des intermédiaires dans la sous-traitance prouvant des détournements de fonds dans l’obtention des marchés.
Les prochaines formations doivent porter sur l’importance de la géostratégie où l’arme énergétique devient un vecteur de stabilité économique, industrielle mais aussi sociale comme on le voit actuellement en Europe.