Bien avant la mascarade électorale de cet été, les relations étaient très tendues entre la France et le Gabon: divulgation d’un état civil du chef de l’Etat gabonais conservé dans les archives de Nates, procédure judiciaire des biens mal acquis, partage contesté de la rente pétrolière entre le clan Bongo et les grands groupes français souvent traités de façon cavalière et enfin interpellation récente, sur le sol français, du directeur de cabinet de la Présidence.
L’Emir à la manoeuvre
Du coup depuis les derniers épisodes électoraux, le gouvernement français a perdu tout contact avec Ali Bongo. Seuls les Américains, via leur ambassadeur à Libreville, font valoir au président Bongo tout l’intérèt qu’il aurait à sortir dignement de l’impasse actuelle en se réfugiant, avec les honneurs, à l’étranger.
Plus discrète dans ce qui est pourtant son pré carré africain, la France compte de façon inédite sur un Qatar absolutiste et féodal pour trouver un compromis entre Ali Bongo et son principal opposant Ping. C’est qu’en effet, ces dernières années, Ali Bongo protège ses modestes économies aux Etats Unis et au Maroc, mais aussi en investissant au Qatar, où il possède un vaste appartement et où il se rend souvent.
Même âge, même refus de toute évolution démocratique, le président gabonais et l’Emir du Qatar s’entendent fort bien. Ces derniers jours, le petit Emirat tente d’oeuvrer, dans les coulisses et avec la bénédiction française, pour une sortie de crise au Gabon. Laquelle pourrait bien être à coloration financière.
Le prix du renoncement
Le principal opposant, Ping, est discrètement approché. S’il accepte de se retirer, les qataris sauront se montrer généreux. Ali Bongo pourrait alors poursuivre son règne et attendre le retour de la droite pour renouer avec la France.