Ali Bongo a été déclaré élu le 31 aout 2016 par le Ministre de l’intérieur sur la base du procès-verbal général remis par la Comission Nationale Autonome et Permanente (CENAP). Ali Bongo obtient donc selon la CENAP 49,80 % des suffrages (soit 177.722 voix) contre 48,23 % (soit 172.128 voix) à son adversaire, Jean Ping, car le scrutin au Gabon est à un seul tour.
Jean Ping largement gagnant
Largement gagnant dans la diaspora (France, Sénégal, Etats-Unis, Benelux…), Jean Ping a été élu incontestablement dans sept provinces sur neuf (il arrive largement en tête dans les provinces les plus peuplés du Gabon : 60,88 % contre 37, 33% pour Ali Bongo dans l’Estuaire et 68,26% contre 29,67% pour Ali Bongo dans l’Ogooué Maritime). Jusqu’au 30 Aout 2016, seuls les résultats de la province du Haut Ogooué n’étaient pas communiqués alors que le dépouillement avait été effectué le 27 Aout dans la soirée. Sans les résultats du Haut Ogooué qui n’étaient pas communiqués alors que tous les autres étaient connus, Jean Ping était en avance d’un peu plus de 60.000 voix, mais c’était sans compter sur les talents avérés de faussaire de son adversaire.
Ali Bongo en son fief du Haut Ogooué…
C’est donc dans le Haut Ogooué que devait se jouer l’élection présidentielle de 2016 au Gabon. Le gouverneur du Haut Ogooué a fini par donner « ses résultats » et Ali Bongo y obtient 95% des suffrages voix soit 65.000 voix précieuses (avec un taux de participation à record de 99%) lui permettant de remporter sur le fil (un peu plus de 5000 voix d’écarts). Dans un pays qui en a vu d’autres, l’histoire aurait pu s’arrêter là.
Mais seule ombre au tableau, lorsqu’on regarde de plus près les résultats salvateurs du Haut Ogooué notamment le procès-verbal de centralisation des résultats de cette province, on est surpris de constater que le nombre d’électeurs inscrits est supérieur à celui de la liste électorale officielle du Ministère de l’Intérieur du Gabon soit 71.714 pour le Procès-Verbal (doc. Procès verba1 et 2) contre 71 123 pour la liste électorale biométrique dite « projet iboga » (page 457 doc Liste CENAP). Pour combler le « retard » d’Ali Bongo le Gouverneur du Haut Ogooué a tout bonnement ajouté des électeurs tirés de nulle part. En clair, le procès-verbal sur lequel repose « la victoire » d’Ali Bongo est un faux grossier. Pour les plus sceptiques, si on compare les chiffres officiels du ministère de l’intérieur du Gabon proclamés ce 31 Aout 2016 (doc. Ministère intérieur) et qui sont censés être conformes à ceux de la CENAP donc au procès-verbal de centralisation des résultats cité précédemment, on obtient curieusement 71.677 votants contre 68.776 sur le procès-verbal soit un ajout de 2901 voix. Quant aux voix obtenues par Ali Bongo elles sont de 65073 sur le Procès-verbal contre 68 064 selon le Ministère de l’intérieur mais représentant toujours à une décimale près 95% des suffrages exprimés ! On ne saurait faire plus faux.
Exigences européennes
Tout ceci permet de mieux comprendre pourquoi l’exigence des observateurs de l’union Européenne de voir les autorités gabonaises effectuer «la consolidation des résultats dans la transparence et d’adopter, conformément aux bonnes pratiques internationales en matière d’élections, la publication des résultats par bureau de vote pour assurer la confiance dans l’intégrité des résultats finaux et garantir qu’ils reflètent la volonté populaire qui est à la base de chaque processus démocratique» a été balayé d’un revers de la main par le porte-parole du gouvernement gabonais également porte-parole du candidat Ali Bongo, évoquant une pratique non conforme avec les lois du pays mais préférant celles qui ont si souvent et si longtemps fait recette et qui sont bien conformes à la culture de ce régime qui enserre les gabonais dans son pouvoir prédateur depuis un demi-siècle.
Quant à l’élection dans le Haut Ogooué, puisque les résultats présentés par les autorités sont à tout point de vue faux, il convient de confronter les Procès-Verbaux de chaque bureaux de vote le plus simplement du monde ou d’annuler et de reprendre le processus électoral dans cette province, la paix et la stabilité du Gabon – qui n’est en principe pas la propriété de Bongo et de son clan – est à ce prix.