Itamar Ben-Gvir triomphe avec 14 députés et devient le troisième plus grand parti de la Knesset, devant la formation de Benny Gantz, ministre de la défense de la coalition sortante.
Le mardi 1er novembre tard dans la nuit, toutes les chaînes de télévision israéliennes ont proposé à leurs téléspectateurs le même résultat de sondages sortis des urnes : le bloc de droite dirigé par Benjamin Netanyahu était donné vainqueur de ces élections 2022, pour le renouvellement de la Knesset, le Parlement israélien. Les sondages donnaient tous « Bibi » (en réalité, le bloc de partis dont il est le leader) vainqueur par une légère majorité de 1 à 2 sièges (61 ou 62 pour le bloc de droite sur 120 selon les sondages).
La surprise de cette élection – si le décompte final vient vérifier le résultat initial – tient au fait que la coalition « anti-Bibi » qui a vu, au cours des quatre élections précédentes, les partis de gauche et de droite s’associer juste pour empêcher le retour au pouvoir de Benjamen Netanyahu, s’est usée. Cette fois- ci, en 2022, Benjamin Netanyahu a organisé entièrement sa campagne sur l’idée qu’il était à la tête d’une coalition ; c’est la coalition qui a été mise en avant et pas lui-même, ni le Likoud, le parti dont il est le leader. Cette stratégie semble avoir été payante.
Itamar Ben-Gvir, 14 sièges
La seconde surprise de cette élection est le surgissement du parti national religieux. Les sondages qui donnaient 14 sièges au parti Sionisme religieux de Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, ne se sont pas trompés.
- Ben-Gvir, souvent accusé de racisme par la gauche, est surtout connu en Israël pour avoir défendu en tant qu’avocat, des Israéliens accusés de violences contre des Palestiniens. Itamar Ben Gvir est aussi critiqué pour avoir promis, s’il devenait ministre de l’Intérieur, d’autoriser les policiers à tirer à vue s’ils surprenaient des Palestiniens en train de lancer des cocktails molotovs ou des pierres sur les voitures conduites par des juifs qui roulent sur l’autoroute.
- Netanyahu ne pourra faire autrement que de donner à M. Ben-Gvir un ministère important si les résultats finaux de cette élection lui donnent l’assise nécessaire pour former un gouvernement. M. Ben-Gvir a fait savoir pendant la campagne électorale qu’il demanderait le ministère de la sécurité publique, ce qui lui donnerait le contrôle de la police du pays.
La surprise, le taux de participation.
Sur les 6,8 millions d’électeurs inscrits, 71,3 % se sont déplacés pour aller voter. C’est le taux de participation le plus élevé depuis 2015.
La quatrième (petite) surprise est que les partis arabes n’ont pas fait la différence. Leurs électeurs, traditionnellement indifférents aux compétitions électorales (39% de participation en général) ne se sont pas mobilisé pleinement. Le parti Balad, un parti anti israélien et propalestinien, a (selon les sondages de sortie des urnes) disparu de l’échiquier politique faute d’avoir franchi le seuil électoral nécessaire de 3.25% des voix. Mais si à l’issue du recomptage final, Balad passait de 3.1% des voix (pourcentage attribué par sondage à 22 heures), à 3.25 au minimum, il pourrait faire élire un député… et faire perdre sa majorité à Benjamen Netanyahu.
Le parti Raam de Mansour Abbas, branche israélienne des Frères Musulmans et membre de la coalition de l’ex-premier minister Yair Lapid, est passé de 4 à 5 députés. Un bon score qui montre que sa stratégie d’entrisme dans le système israélien a été comprise par une partie des électeurs arabes. Le résultat n’est toutefois pas suffisant pour donner une majorité à Yair Lapid.
La liste arabe dite Hadash-Ta’al a obtenu quatre sièges.
Si le décompte final confirme les sondages de sortie des urnes, M. Netanyahu devrait être invité par le président israélien à former un gouvernement qui sera indubitablement le plus à droite et le plus religieux de l’histoire d’Israël.
Les procès en corruption, engagés contre M. Netanyahu et qui ont entravé sa carrière politique au cours des trois dernières années, n’ont pas occupé une place très importante dans cette élection. La raison tient sans doute au fait que les dossiers se sont dégonflés les uns après les autres au fur et à mesure de l’instruction. M. Netanyahu continue à nier tout acte répréhensible. Et s’il forme un gouvernement, ses alliés de la coalition disent qu’ils adopteront une législation qui le mettra à l’abri des poursuites.
Si ce gouvernement de droite voit le jour, les relations avec l’administration Biden risquent de s’envenimer. A moins que les Midtermes qui auront lieu dans quelques jours ne coupent les bras et les jambes de l’administration Biden en envoyant un raz de marée républicain au Sénat et à la Chambre des représentants.
Benjamin Netanyahu n’est pas le seul enjeu des élections du 1er novembre