Le 27 ème Sommet de l’Union africaine de Kigali a illustré les fractures, de plus en plus profondes, qui minent le continent africain. Le retour programmé du Maroc, dans l’Union africaine, et le « largage » en douceur des sahraouis de la RASD, qui vient de perdre son leader historique et qui pâtit de la quasi « régence »algérienne, n’est pas sans conséquences.
Un cartel de présidents momifiés
On constate également que le cartel des présidents en poste depuis des décennies et constamment réélus, après des manipulations constitutionnelles, est de plus en plus isolé sur la scène africaine. A l’image d’un Mugabe ou d’un Sassou Nguesso, ces chefs d’État ne sont plus en phase avec leur peuple et notamment de leur jeunesse.
Chaque zone geographique africaine a aussi ses propres problèmes de déstabilisation et ne se préoccupe que de ceux-ci. A l’est, ce sont les Shebabs et les métastases ougandaises, au centre ce sont les irradiations de Boko Haram et des « pourrissements » des crises nationales, au sud, c’est la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée, à l’ouest c’est Aqmi avec les differents mouvements se revendiquant du terrorisme islamiste dans le Sahel et l’implosion libyenne avec ses dégâts collatéraux. L’ urgence est aujourd’hui à la protection des seuls intérêts nationaux.
Cacophonies régionales
Même au sein des organisations régionales, la recherche du consensus est difficile. La CEDEAO n’ a pas réussi à présenter un candidat à l’élection du président de la Commission de l’Union africaine. La CEDEAO n’avait pu que s’opposer aux candidats de la SADC et de la CEMAC.
En Afrique centrale la cacophonie est à son comble, alors que les circonstances sont pourtant réunies pour développer une intégration régionale encore balbutiante. Ainsi, au sein de la CEMAC, le Tchadien Idriss Deby Itno est président en exercice de l’Union africaine, le Gabonais Ali Bongo Ondimba est président en exercice de la CEEAC et l’Equato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema est le président en exercice de la CEMAC.
Demain, il sera trop tard
A cette absence de vision politique commune, aux niveaux continental et régional, il est accablant de voir le fonctionnement à vide des multiples organisations africaines à vocation politique, économique ou juridique. Force rapports, séminaires, déclarations officielles de haut niveau et commémorations ne peuvent faire illusion. Ce système ne profite qu’à quelques milliers d’heureux privilégiés.
Le récent audit de l’Organisation pour l’harmonisation du droit en afrique (Ohada), qui révèle de graves dysfonctionnemts, pourrait servir de modèle à bien d’autres organisations afin de combattre la corruption et les prédations systémiques. On n’en est pas encore là.
Demain, il sera peut-être trop tard !