« Un homme tout seul réussit a foncer sur une centaine de personnes en promenant son camion le plus normalement possible sans qu’aucun agent de la sécurité ne puisse l’arrêter, c’est tout de même incroyable ! Même nous durant la guerre civile des années 1990-2000, nous n’avions jamais été confrontés à de telles qaatques ! », confie sur un ton franc un ex-officier du DRS (services algériens) qui a conservé le contact avec les responsables de son ancienne institution. D’après notre interlocuteur, ses collègues dans l’actuelle centrale du renseignement algérien ont alerté leurs décideurs: les défaillances sécuritaires françaises pourraient avoir de sérieux impacts sur la sécurité de l’Algérie. »En clair, poursuit notre source, les services algériens considèrent leurs interlocuteurs français comme de moins en moins fiables. Ils sont estomaqués par leur manque de coordination et leur passivité face a de nombreux profils suspects appartenant à des cellules terroristes dormantes ».
Menaces sur la coopération franco-algérienne
Aux yeux du général-major Tartag, le chef militaire qui a succédé au général Toufik à la tête d’un DRS remanié, il se passe en France de troublants dysfonctionnements qui peuvent mettre en péril l’efficacité de la coopération sécuritaire entre les deux pays.
« Les différents services français sont clairement divisés, notent nos interlocuteurs, et leur travail d’infiltration est de moins en moins efficace ». Selon eux, des cellules de Daech se composent rapidement et passent à l’action. « Les divers dispositifs français peinent à les contrer et ces groupes terroristes peuvent ensuite prospérer et développer leurs activités sans que personne ne puissent les arrêter », analyse un autre officier du DRS qui demeure, lui, toujours en poste et n’hésite pas a railler « l’amateurisme » des actuels responsables des services français.
Des services français discrédités
« Au DRS, nous avons prouvé que des personnes dangereuses établies en France qui ont fait des voyages réguliers en Syrie et en Irak n’ont jamais été fichées par les services français. Certains éléments dangereux ont été même relâchés et pas du tout inquiétés en dépit de nos mises en garde. Les Français ne maîtrisent pas les tenants et aboutissants du processus de radicalisation dont font l’objet les potentiels terroristes. Et en plus, il y un maillon faible qui compromet la coopération entre les services de renseignement et les services de sécurité. C’est ce qui explique que des actions aussi incroyables et éclatantes comme celles de Nice peuvent survenir sans que personne ne puisse s’en rendre compte », révèle le même officier sous le couvert de l’anonymat.
La DGSE aurait perdu la main sur les réseaux dont elle disposait en Syrie et en Irak. Les jeunes recrues des quartiers difficiles échapperaient au travail de l’infiltration des services français. « Les services français ont commis les mêmes erreurs que nous avons commises durant les années 80 : ils ont laissé partir en Syrie de nombreux éléments radicaux sans vérifier la possibilité de les quadriller une fois de retour au pays. La conséquence est lourde a payer : des combattants aguerris reviennent avec la ferme intention de faire la guerre sainte », analyse un des officiers chargés de la lutte anti-terroriste au sein du département de Tartag.
Discrets coups de sonde
Nos trois sources sont unanimes : si les attentats continuent en France, l’Algérie sera touchée car les réseaux français voudront se replier au Maghreb. En ce moment, les chefs du DRS pensent même multiplier les opérations d’infiltration dans certaines zones en France. « Il est devenu vraiment urgent de renforcer nos missions de renseignement car le pire peut venir de la France dans les jours a venir. Et au regard de nos relations historiques et cruciales avec ce pays, on ne peut observer l’actuelle situation et dormir sur nos lauriers », conclut enfin l’une de nos sources au sein du DRS.