Dans un audio, Amadou Tamboura, un rescapé de l’attaque de Seytenga qui a eu lieu le 12 juin et dont le bilan officiel fait état de 89 morts, raconte son martyr. C’est un témoignage terrible, glaçant.`
« Ils (djihadistes) sont venus dans les environs de 17 heures, les premiers tirs ont commencé puis ils ont encerclé toute la ville. (…) les hommes ont commencé à rentrer maison par maison, porte par porte et ils ont dit aux femmes « Où sont vos hommes, nous allons finir les hommes, aucun homme ne vivra à Seytanga » ».
Puis la voix serrée par l’émotion et la douleur, il poursuit, « ils ont pris tous les animaux, les moutons, incendié les magasins, les domiciles ». Il explique également comment il a réussi à s’enfuir grâce aux femmes qui l’ont caché et lui ont prêté leurs vêtements, comment il a marché toute la nuit pour arriver à Dori, la grande ville voisine distante de 35 km.
Jusqu’en 2019, la ville de Seytanga comptait un peu plus de 30 000 habitants, aujourd’hui, il ne reste plus un seul habitant. Dans une vidéo, les djihadistes exhibent leur trophée. Ils sont « les nouveaux maîtres » des lieux. Ils déambulent librement, fouillent les maisons vides, s’emparent des vivres en ponctuant leurs prises de bruyants « Hamdoulilah ». L’armée a déserté la ville…
Au bord du précipice
De l’autre côté du pays, au sud-ouest, dans une zone qui était jusqu’il y a peu de temps encore préservée des attaques, la situation se détériore d’une manière inquiétante. Le 15 juin, des hommes armés non-identifiés (HANI) ont fait irruption dans la commune de Boni et ont menacé les habitants. Ils leur ont ordonné de ne plus semer, de ne plus cultiver sous peine d’être attaqués.
Lentement mais sûrement le Burkina Faso s’approche de l’abîme. Les pays voisins doivent se préparer à un afflux massif de réfugiés, après l’attaque de Seytenga, 600 personnes se sont exilées au Togo voisin. L’exode ne fait que commencer.