En matière de relations internationales, l’humiliation est « contre productive », estime notre chroniqueur Xavier Houzel.
Il faut faire attention lorsque Bruno Tertrais – plus néocon, je meurs – dit que quelque chose est « excellent » ! Or ce fut justement sa réaction dans un tweet à la lecture de l’édito de Luc de Barochez dans le Point du 7 juin : « Emmanuel Macron entend épargner tout affront à la Russie dans le règlement post-guerre. Mais c’est là se tromper d’objectif. » Le texte commençait par cette phrase : « Emmanuel Macron s’abuse : c’est à l’Ukraine, et non à la Russie, qu’il faut épargner une humiliation au sortir de la guerre. » Diable !
Ils sont à côté de la plaque tous les deux ! Peut-être n’ont-ils rien compris. Nous sommes encore bien trop loin du règlement post-guerre et c’est pour y parvenir qu’il nous faut prendre garde à ne pas humilier la Russie, ni personne d’autre, d’ailleurs.
La paille dans l’oeil
Dans l’absolu, c’est toujours contreproductif de le faire. Ensuite, ce serait voir la paille dans l’oeil de son voisin, mais ne pas voir la poutre qui est dans le sien[i]. Il faut absolument lire à ce propos deux discours d’autant plus pertinents qu’ils se complètent ; le premier[ii] est dû à l’ambassadeur Eugène Berg et le second[iii] à Éric Denécé.
Cela fait parfois du bien d’appeler un chat un chat, même quand ce n’est plus politiquement correct. C’est ce que l’ancienne Chancelière Angela Merkel, droite dans ses bottes, vient de faire[iv] : « L’Allemagne et la France essayaient de conduire la diplomatie. Ce n’est plus à l’ordre du jour aujourd’hui – c’est une autre époque. » On est en droit de se demander pourquoi cela a changé.
[i] Ce proverbe biblique apparaît dans l’Évangile selon Saint Luc.
[ii] https://blogazoi.com/2022/06/08/ukraine-peut-on-encore-sortir-de-lengrenage-mortifere-par-eugene-berg-ambassadeur-e-r/
[iii] https://solidariteetprogres.fr/actualites-001/eric-denece-l-ukraine-un-conflit.html
Et https://www.youtube.com/watch?v=nJRaRYtb4ig
[iv] https://www.stuff.co.nz/w « orld/europe/300609038/this-is-a-different-time-angela-merkel-breaks-her-silence-on-ukraine-defends-record-on-vladimir-putin …. Nato pledged in 2008 that Ukraine and Georgia would one day become members. But French and German concern over Russia’s reactions dashed their hopes of being granted a “membership action plan” that would bring them into the alliance within five to 10 years. Merkel said that “Ukraine was not the one we know today,” adding it was very divided and dominated by oligarchs. “It wasn’t an internally democratically stable country”. She suggested a stronger Nato green light for Ukraine in 2008 would have led to faster Russian aggression, with Ukraine less able to resist. “I was very certain that Putin wouldn’t just let it happen,” she said. “For him, from his perspective, that was a declaration of war … I don’t share any of this, but I knew how he thought.” Turning to the Nord Stream 2 gas pipeline from Russia to Germany, which she long defended against criticism from the US, Ukraine and eastern European allies, Merkel said Putin invaded Ukraine without waiting for it to enter service. Current Chancellor Olaf Scholz’s government halted the project in February. His administration also decided to deliver arms to Ukraine. Merkel said she had opposed doing that when she was chancellor because Germany and France were trying to lead diplomacy. “That is no longer on the agenda today – this is a different time,” she said”.