La guerre actuelle ne peut qu’avoir des conséquences catastrophiques dans un certain nombre de pays arabes notamment, le Liban (voir la photo ci contre) , le Maroc, la Tunisie et l’Égypte.
Jadis appelée « le grenier à blé de l’Europe », l’Ukraine détient la quatrième place des exportations mondiales de blé. Avec la Russie, elles totalisent à elles seules 30% des exports mondiaux de cette denrée. Productrice également de maïs, de colza et de tournesol, l’Ukraine détient avec la Russie une suprématie dans le domaine des céréales qui font d’elles des superpuissances agricoles.
Le Liban importe environ 650 000 tonnes de blé par an dont 80% proviennent d’Ukraine. Un blé semi-dur, idéal pour la fabrication du pain libanais et vendu à des prix très concurrentiels. Sauf que le prix très raisonnable du pain est aujourd’hui menacé par la guerre en Ukraine. L’histoire de la Tunisie a été marquée par de terribles « révoltes du pain » qui ont fait vaciller le régime de Bourguiba. Le terme de « pain » en arabe dialectal égyptien signifie « la vie ».
Plus 5O% en un mois
À l’annonce de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les cours du blé sur les marchés à terme pour le mois de mai aient atteint un niveau historique culminant à 396,5 euros/tonne le 7 mars, alors que le 10 février, ils finissaient à 262,77 euros/tonne (près de 287 dollars « Chaque matin, avec les nouvelles du front, les marchés à terme à Chicago explosent », explique Sami Kassir, courtier international, spécialiste des denrées agricoles et patron de Global Commodities sal, Liban.
Cette denrée cruciale est encore subventionnée à 100% par l’État libanais à un taux de change de 1 500 livres pour un dollar. C’est justement là le nœud du problème car, avec la faillite du pays, ce système devient intenable. « À cause du manque de liquidités en devises fortes, les dossiers s’empilent à la banque centrale », explique à Paul Mansour, propriétaire de la minoterie Crown Flour Mills.
Les subventions remises en cause
Des délais interminables qui ont fini par décourager les exportateurs de blé de prendre le risque d’insolvabilité du pays. Nombre d’entre eux réclament aujourd’hui d’être directement payés cash par les acheteurs.
Dans ce contexte de crise sans précédent, les subventions sur le blé sont devenues une entrave. « Maintenir le prix du pain à des niveaux bas est une volonté politique, mais l’État libanais, de toute évidence, n’en a plus les moyens », préconise M. Mansour. « La solution la plus viable serait de mettre en place un système de tickets de rationnement pour les familles, qui libérerait complètement les prix, et in fine l’importation de blé. »