« Pure Nostalgia » se propose de vous emmener à la redécouverte des lieux mythiques de Beyrouth qui n’existent malheureusement plus, histoire de vous imprégner dans cette ville atypique qui a profondément marqué la mémoire de ses nombreux visiteurs.
Un article de Imad Kozem
Souk el-Tawilé était le pôle d’attraction numéro un. Aussi bien pour la Beyrouthine, la femme qui habitait les grandes villes du littoral ou de la montagne, que pour les étrangers de passage, surtout ceux des pays arabes avoisinants. Pourquoi cette attraction extraordinaire? De l’avis des commerçants et des clientes, les motifs étaient très variés.
Le premier était sans doute relatif à l’âge de ce souk dont beaucoup de magasins étaient tenus par la même famille depuis plusieurs générations, car en dépit des apparences, la clientèle libanaise était traditionnelle et fidèle; si par curiosité elle allait vers de nouveaux magasins, elle retournait toujours vers son vendeur attitré surtout lorsqu’il s’agissait d’achats importants.
Les clientes étaient sûres d’y trouver qualité, prix fixe (quoique certaines se laissaient aller parfois à la tentation du marchandage) et l’article dernier cri de Paris. Souk el-Tawilé offrait l’avantage de la concentration de ses magasins, ce qui permettait à l’acheteuse de beaucoup voir sans trop se déplacer. D’autre part, chaque magasin ayant ses exclusivités, l’élégante de Beyrouth était certaine de ne pas trouver la toilette qu’elle avait choisie portée par une autre.
Et puis, il y avait aussi cette petite pointe de snobisme qui faisait qu’il était de bon ton de pouvoir dire que l’on se fournissait dans tel magasin parce que nul n’ignorait que c’était le plus cher. Et souvent un nom sur l’emballage, ajoutait, semble-t-il, une certaine valeur au cadeau! Souk el-Tawilé: « artère névralgique du Moyen-Orient », conclaient ses commerçants, et « carrefour de l’élégance », ajoutaient les dames.