Plus d’une semaine après la mort le 26 novembre à Tera, nord-ouest du Niger, de trois manifestants qui bloquaient le convoi de Barkhane en route pour le Mali, la grogne ne faiblit pas au Niger contre l’armée française.
La version alambiquée de l’état-major des armées à Paris et le communiqué tout aussi confus du gouvernement nigérien n’y ont rien arrangé. Dans une déclaration remarquée, le Cercle indépendant de réflexion et d’actions citoyennes (CIRAC), présidé par l’ancien ministre de l’Intérieur Iddy Ango Omar, qualifie de « cruelle et brutale » la charge des militaires de l’opération Barkhane contre la jeunesse de Tera.
« Le CIRAC dénonce et condamne avec la plus grande fermeté l’usage disproportionné d’armes de guerre létales face à une jeunesse sans défense exprimant sa protestation contre la présence illégale de troupes françaises sur le territoire indépendant du Niger, des troupes qui n’ont pu, pendant plus huit ans, faire la preuve de leur efficacité et de leur bonne foi dans la lutte anti-terroriste », poursuit le communiqué.
Le président Bazoum à contre courant!
« Tournons la page », une autre organisation de la société civile, avait appelé samedi pour « la souveraineté nationale », « l’honneur et la dignité des Nigériens », « l’intégrité du territoire national » et contre la présence des troupes étrangères.
L’interdiction de la manifestation par les autorités est venue ajouter à la colère de la population qui n’a pas encore digéré le décès de trois manifestants à Tera. Dix-huit autres personnes ont été blessées par des tirs par balles unanimement attribuées aux soldats français. Parmi elles, quatorze seraient dans un état grave.
La tragédie de Tera tombe mal pour le président nigérien Mohamed Bazoum qui avait récemment exprimé « toute sa reconnaissance » à la France pour son engagement au Sahel. L’opinion publique ne semble pas partager une telle reconnaissance pour l’effort militaire français.
Le convoi militaire bloqué au Sahel témoigne de l’échec total de la présence française