A l’occasion de la réunion du « Conseil des droits de l’homme », ce 29 février, Fabrice Tarrit, le président de l’association « Survie », demande au chef de la diplomatie française que la France cesse toute coopération sécuritaire avec Djibouti, le Congo et le Tchad.
Monsieur le Ministre,
Vous participerez ce lundi 29 février à la 31ème session du Conseil des droits de l’Homme et indiquez qu’à cette occasion vous souhaitez « renouveler l’engagement déterminé de la France en faveur de l’universalité des droits de l’Homme et apporter notre soutien au conseil des droits de l’Homme. »
Pour notre association, l’engagement de la France en faveur des droits de l’homme est largement mis en cause par la politique menée par la France en Afrique, et son soutien à de nombreuses dictatures en place. Ainsi en est-il du Tchad, de Djibouti et de la République du Congo où des élections présidentielles vont avoir lieu dans les prochaines semaines.
Soutien à la répression
Dans ces trois pays, la période préélectorale de ces derniers mois a été marquée par de graves violations des droits de l’Homme et répressions de manifestations. Face à cela, loin de condamner ou de se distancier de ces régimes, la France qui entretient une coopération sécuritaire et militaire d’ampleur avec eux a maintenu un silence lourd, voire même montré de nouveaux signes de soutien.
Ainsi au Congo, en octobre dernier, l’Élysée a confirmé la légitimité de Sassou Nguesso à organiser un référendum sur la Constitution, a pris note des résultats et n’a à aucun moment condamné les violences à l’encontre des personnes qui manifestaient contre le projet de nouvelle constitution ; à Djibouti, alors qu’une opération policière du régime faisait plus de 60 morts et disparus fin décembre, l’ambassadeur de France a discrètement ordonné la sortie de l’hôpital militaire français d’un député d’opposition blessé par balle, qui a alors été arrêté par les forces djiboutiennes ; au Tchad, nous recensons, rien que depuis novembre 2014, au moins 24 personnes tuées par les forces de l’ordre lors de manifestations – dont des mineurs. A chaque fois, la France n’a émis aucune condamnation publique de ces exactions et n’a pas suspendu sa coopération sécuritaire.
L’engagement de la France pour les droits de l’Homme ne pourra être crédible tant que la France ne cessera pas sa coopération avec ces régimes, qu’elle ne condamnera pas les atteintes aux droits qui y sont perpétrés et qu’elle n’examinera pas sa part de responsabilité dans ces mêmes exactions au vu de la coopération sécuritaire existante.
A l’occasion de votre participation à cette 31ème session du Conseil des droits de l’Homme, nous vous demandons donc de vous exprimer sur les perspectives d’évolution de la coopération sécuritaire française avec ces trois régimes, à l’approche de ces scrutins présidentiels.
Dans l’attente de votre positionnement sur cette question essentielle, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.