Le Hezbollah a organisé, avec la République islamique, l’acheminement de carburant via des bateaux iraniens. Le pétrole devrait être déchargé en Syrie, puis transporté , mais dans un délai indéterminé, dans le pays du Cèdre.Une belle opération de communication qui ne résoud en rien les problèmes libanais en matière d’approvisionnement de fuel et d’essence.
L’arrivée du premier tanker transportant du carburant pour le Liban est attentivement scrutée. Jeudi 2 septembre, des informations relayées notamment par l’agence iranienne Fars, affirmaient que le tanker en question était entré dans les eaux syriennes – où il doit décharger son pétrole dans des camions qui le transporteront jusqu’au Liban. Cela a finalement été démenti.
Le site spécialisé « TankerTrackers.com » l’a annoncé ce vendredi. Sans plus de précision, il a fait savoir sur les réseaux sociaux que le navire « a été retardé ». Il a toutefois ajouté qu’un deuxième navire avait déjà quitté l’Iran et qu’un troisième allait suivre. Cité par Fars, l’ambassadeur iranien au Liban Mohammad Jalal Firouznia a fait savoir ce vendredi que le tanker en question – le premier – atteindra sa destination dans les prochains jours. Cette déclaration restevague
Contourner les sanctions américaines
L’opération de communication a été bien menée. Face à l’effroyable pénurie de carburant que connait le Liban ces dernières semaines, le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah affirmait devant ses partisans le jeudi 19 août – à l’occasion de la fête de Achoura – qu’un tanker iranien rempli de pétrole venant de la République islamique allait arriver au Liban pour remédier. Le leader chiite a dans le même temps mis en garde les États-Unis et l’État d’Israël qui voit d’un très mauvais œil la présence d’un bateau battant pavillon iranien à proximité de ses eaux territoriales, contre toute velléité d’attaque contre ce tanker qui sera amarré au large d’ « un territoire libanais ». La cargaison de ce navire doit permettre d’approvisionner « hôpitaux, usines de production de denrées alimentaires et de médicaments, boulangeries et générateurs », a alors ajouté le chef du Hezbollah.
Problème : l’Iran – qui détient les quatrièmes réserves mondiales de pétrole – est actuellement sous sanctions américaines. Elles ont été réimposées en mai 2018 après la sortie de Washington de l’accord sur le nucléaire. En s’approvisionnant en pétrole iranien, le Liban s’expose techniquement à son tour à d’éventuelles mesures punitives.
Cavalier seul
Pour tenter de contourner les sanctions, un mécanisme de déchargement en Syrie et transport jusqu’au Liban a été mis en place.Le gouvernement libanais n’a de son côté reçu aucune demande d’importation de carburant d’Iran, a déclaré mercredi le ministre par intérim de l’Énergie, cité par Reuters.
L’exercice n’est pas terminé ; d’autres bateaux font des ronds dans l’eau comme autant d’épouvantails dans le ciel de la Mer Méditerranée septentrionale.
Ce qui semble confirmer que le Hezbollah, un État dans l’État, cherche à contourner les autorités légitimes en important du carburant iranien.