Premier ministre à deux reprises, Najib Mikati, magnat des télécoms, s’est vu confié la délicate mission de former un cabinet capable de mener des réformes économiques et sociales dans le pays du Cèdre. Le troisième « Premier ministre désigné » depuis un an !
Les Libanais connaissent bien Najib Mikati. Âgé de 65 ans, grand, le crâne dégarni, il est l’un des chefs de file de la communauté sunnite libanaise. Il a été nommé fin juillet par le président Michel Aoun pour tenter d’(enfin) former un gouvernement au sein du pays du Cèdre – qui vit depuis plus d’un an sans cabinet et qui traverse la pire crise économique et sociale de son histoire.Les Libanais connaissent l’homme d’affaires. Celui venu de Tripoli et qui, à 27 ans – après des études à l’Université américaine de Beyrouth, à l’INSEAD de Paris et à Harvard – a monté avec son frère Taha l’entreprise de télécoms Investcom.
Ce groupe a connu un certain succès, surtout dans les années 90 grâce à des liens avec la Syrie qui jouait alors le rôle principal sur la scène politique libanaise. Le magazine américain Forbes estime la richesse de M. Mikati à 2,7 milliards de dollars, ce qui en fait la première fortune du Liban.
Double casquette
Mais les Libanais connaissent surtout l’homme politique. Celui qui a été ministre des Travaux publics et des Transports en 1998, mais aussi Premier ministre à deux reprises. Brièvement en 2005, puis entre 2011 et 2014, respectivement sous les présidences d’Émile Lahoud et Michel Sleiman.
Sa double casquette d’homme d’affaires et d’homme politique – couplé à des soupçons d’« enrichissement illicite » en 2019 –, lui vaut aujourd’hui d’être rejeté par une partie de la population libanaise, y compris dans sa ville natale.