Les moindres déclarations des responsables du Hezbollah, le mouvement chiite libanais qui est pro iranien, sur le dossier palestino-israélien sont scrutées à la loupe par les diplomates à Beyrouth, comme le soulignent nos confrères de l’Orient-Le Jour dont nous reproduisons les analyses. Pour l’instant, personne ne sait quelles décisions devrait prendre dans les prochains jours le chef de l’organisation chiite, Hassan Nasrallah, dont le rôle est central auprès des dirigeants iraniens et des responsables du Hamas palestinien à Gaza.
À quel moment le Hezbollah compte-t-il intervenir dans la guerre sans merci qui se déroule si près de lui ? Il est vrai que, de son côté, le Hezbollah cherche visiblement à maintenir un certain flou. Le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah,ne s’est ainsi pas exprimé depuis le début de la dernière confrontation, il y a un peu plus d’une semaine, et il ne le fera probablement pas avant le 25 mai; jour anniversaire du retrait de l’armée israélienne du Liban le 25 mai 2000).
Les diplomates occidentaux ont donc dû se contenter d’un seul discours prononcé par le chef du bureau exécutif du Hezbollah, Hachem Safieddine, dans le cadre d’une rencontre de soutien aux Palestiniens, qui a regroupé des représentants de différents partis et des personnalités appuyant ce qu’on appelle communément « l’axe de la résistance ». Mais là aussi, les indications n’étaient pas précises, puisque M. Safieddine s’est contenté de réitérer le soutien total du Hezbollah aux Palestiniens, allant même jusqu’à estimer que la bataille qui se déroule aujourd’hui est celle de « l’ensemble de la oumma ».
Un discours flou
Ce dirigeant a aussi évoqué une coordination entre les combattants palestiniens et le Hezbollah, tout en mentionnant de façon insistante le rôle de l’ancien chef de la brigade al-Qods au sein des gardiens de la révolution, Kassem Soleimani et celui de Imad Moghnié (ancien chef militaire du Hezbollah assassiné en Syrie en février 2008) dans la consolidation des capacités guerrières des Palestiniens. Hachem Safieddine a aussi évoqué la possibilité pour le Hezbollah de participer à cette bataille, mais sans être plus explicite..
Aujourd’hui donc, très peu de gens possèdent des éléments concrets à donner aux diplomates occidentaux sur ce que compte faire le Hezbollah. Mais tous ceux qui rencontrent des cadres de cette formation sont impressionnés par leur calme et leur confiance dans les capacités de ce qu’ils appellent la résistance palestinienne. Les cadres du Hezbollah suivent de près ce qui se passe entre Israël et Gaza et connaissent tous les détails des bombardements, la nature des missiles utilisés par les factions de la résistance palestinienne ainsi que le moindre développement sur le terrain. Exactement comme c’était le cas dans la guerre au Yémen et ses développements sur le terrain, ou encore dans les combats en Irak, notamment contre Daëch et d’autres groupes jihadistes.
Les «disciples de Nasrallah ».
Selon un spécialiste du Hezbollah, le rôle de ce dernier serait en réalité primordial dans l’édification de ce qu’on appelle « l’axe de la résistance ». Toujours selon cette source, les différentes parties libanaises auraient tendance à minimiser le rôle de premier plan du Hezbollah en Iran. En effet, lorsqu’ils ont commencé à songer à édifier « l’axe de la résistance », les dirigeants iraniens auraient sciemment choisi de s’introduire dans le conflit arabo-israélien et de faire de la situation de Jérusalem une cause commune avec les musulmans arabes et non arabes. Hassan Nasrallah avait la la mission d’approcher les différentes parties arabes susceptibles de faire partie de cet axe, en raison de l »aura acquise après la guerre de 2006 contre Israel Les cadres du Hezbollah ont donc formé sur le terrain les combattants et Hassan Nasrallah s’est chargé de l’encadrement idéologique, parvenant ainsi à unifier les différentes factions palestiniennes et ceux qu’on appelle les Palestiniens de l’intérieur dans un même combat, la grande nouveauté dans les affrontements actuels
Patiemment, sans se laisser influencer par les développements jugés secondaires, Hassan Nasrallah a ainsi maintenu d’excellentes relations avec le Hamas, alors que les membres de cette organisation combattaient contre le régime syrien depuis le camp de Yarmouk près de Damas.(…)
*Source : L’Orient-Le Jour