Émigration sauvage, deux jours de folie entre Rabat et Madrid

Le conflit qui couve entre le Maroc et l’Espagne sur le sort du chef du Polisario, Brahim Ghali, débouche sur une crise migratoire sans précédentl

Mardi 18 mai, l’ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benayaich, a été rappelé au royaume pour consultations. Une décision intervenue quelques heures après la convocation de la diplomate marocaine par le ministère des Affaires étrangères espagnol, suite à la prise d’assaut de Ceuta par des migrants. En deux jours, près de 8000 Marocains (dont un bon tiers de mineurs) ont franchi la jetée qui fait office de frontière maritime entre le Maroc et cette enclave espagnole.

Cette crise migratoire sans précédent n’est pas à dissocier des tensions entre Rabat et Madrid, nées de l’admission dans un hôpital espagnol, sous une fausse identité, du chef des séparatistes du Polisario, Brahim Ghali, mais surtout du laxisme du pouvoir judiciaire ibérique à l’entendre dans le cadre de plaintes pour torture. « Les relations entre pays voisins et amis doivent être fondées sur ‘la confiance mutuelle’, qui doit être travaillée et entretenue », a déclaré Karima Benayaich, avant de quitter Madrid, ajoutant qu’il y a « des attitudes qui ne peuvent être acceptées » et qui « doivent être assumées ».

30 milions d’euros au Maroc

En ouvrant la vanne de l’immigration clandestine, le royaume cherche à rappeler à l’attention de l’Espagne et de la communauté internationale du rôle de rempart qu’il joue sur le détroit de Gibraltar. L’afflux massif de clandestins a forcé le Chef de gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, à chambouler son agenda pour se rendre à Sebta à la suite d’un Conseil de gouvernement qui a approuvé l’octroi de 30 millions d’euros au Maroc pour le contrôle de l’immigration clandestine.

La crise a pris une ampleur telle que Bruxelles, par la voix de la commissaire européenne Ylva Johansson a sommé le Maroc d’empêcher ces « départs irréguliers » depuis son territoire. La main sur le cœur, les autorités du royaume affirment qu’elles font ce qu’elles peuvent pour contrer d’importantes files de migrants qui tentent de forcer les barrages pour atteindre la Préside espagnole.