Sous Bouteflika, la répression était-elle plus ciblée que sous la présidence de Tebboune? On peut le penser tant l’Algérie est désormais le théâtre d’une répression jamais égalée depuis les débuts du du Hirak voici deux ans. Avec en prime, ce jeudi, la convocation par un tribunal de Karim Tabou, une des rares ifgures emblématiques de la mobilisation populaire
Le choix du pouvoir algérien actuel, où du moins d’un des clans du régime, d’opter pour le tout répressif est une option à haut risque. La non violence affichée depuis deux ans par le Hirak, l’incapacité du mouvement populaire à décourager un leadership et l’épidémie du Covid qui décourage les bonnes volontés militantes donnent un peu de répit aux militaires au pouvoir. Pour combien de temps? Une certaine agitation au niveau des casernes dans les rangs subalternes de la hiérarchie inquiète jusqu’au renseignement militaire qui a pondu, en décembre dernier, un rapport alarmiste..
Tous à la mosquée
L’escalade répressive est-elle le seul échappatoire? La menace islamiste est-elle vraiment de retour comme elle a pu exister lors de la décennie noire? En présentant dans les medias un personnage sorti du néant qui serait un ancien des GIA, ces groupes terroristes des années 90 qui ont mis le pays à feu et à sang, les autorités algériennes ont raté leur cible, en parvenant juste à faire sourire les Algériens face à la grossièreté de la manipulation.
Certes, quelques groupes islamistes dont Mondafrique reparlera prochainement ont acquis une emprise certaine sur les mobilisations populaires. Le climat pourtant n’a rien à voir avec celui qui règnait voici trente ans. « Le peuple algérien, explique un ancien ministre, n’est plus divisé entre modernistes francophones d’une part et arabisants islamistes de l’autre. L’islamisation est massive , tout le monde va la mosquée le vendredi et respecte le Ramadan. L’Islam du coup d’est plus une ligne rouge,il ne faut pas se tromper d’époque ».
Le MAK ressorti de la naphtaline
Dans la même logique de manipulation, un représentant du MAK, le mouvement qui prône l’indépendance de la Kabylie en s’attirant l’hostilité d’une grande majorité de la population, se pointe à la télévision d’Etat en divulguant un supposé complot en préparation pour un projet de déstabilisation du pays par le séparatisme Kabyle.
Avec des réserves en devises de moins de vingt milliards de dollars et l’absence de toute relève politique en vue des législatives de juin, le pouvoir algérien aimerait bien « dissoudre » définitivement le peuple en emprisonnant les opposants, torturant les plus radicaux et manipulant l’opinion avec des recettes éprouvées. Hélas pour lui,
Le cas Karim Tabou
Dans une vidéo postée, ce jeudi, juste avant qu’il rentre dans le commissariat d’El Biar, le leader duHirak, Karim Tabou, a provoqué la colère des réseaux sociaux. Des policiers se sont en effet présentés chez lui pour lui remettre une convocation immédiate. Sa mise en garde à vue serait un prélude à une mise en examen. Une façon de répliquer à la scène incroyable qui s’est produiet au cimetière de Benaknoun près d’Alger lors des obsèques du grand militant des droits de l’homme, Abdenour Ali Yahya, disparu la semaine passée après une vie exemplaire à défendre aussi bien les berbéristes que les islamsites, sans avoir été invité à la télévision d’Etat depuis les accords de Rome qui en 1995 avaient tenté de trouver enpleine guerre civile un compromis politique.
Lors de ses funérailles? Bouzid Lazhari le président du conseil national des droits de l’homme (CNDL), une coquille vide créée par le pouvoir, Bouzid Lazhari a été pris à parti par la foule qui lui demandait de « Dégager ». Karim Tabbou mettait encause lui aussi de ce vieux cheval de retour de l’ère Bouteflika qui avait osé déclarer à la télévision nationale qu’il « il n’existe pas de détenu d’opinion en Algérie» et pas d’avantage de torture » pratiquée par les services de sécurité.
La population présente au cimetière est excédée par le culot du pouvoir d’envoyer son représentant officiel des droits de l’homme alors que le défunt Ali Yahya a été marginalisé et constamment attaqué par le pouvoir. Il Les militants hirakiste voient la présence de Bouzid LAZHARI comme une provocation et une opération de récupération par le système.
Profitant de la plainte déposée par le représentant des droits de l’homme du pouvoir que Karim Tabbou se trouve en garde à vue déclare son avocat Ali Fellah Benali. Il sera probablement présenté au procureur de la république. Il est à rappeler que ce militant avait été emprisonné de septembre 2019 à Juillet 2020.
Un pouvoir divisé
Les militants associatifs de soutien aux détenus dénoncent l’option répressive adoptée par le pouvoir militaire en Algérie. Il prend à témoin l’opinion publique nationale et internationale du choix répressif du pouvoir. L’option répressive du pouvoir est actée par des arrestations massives des militants des droits de l’homme et des hirakistes (le vendredi) ainsi que les étudiants (le mardi).
La dernière manifestation de ce mardi a été marquée par des centaines d’interpellations et de perquisitions nous signale le comité national de libération des détenus (CNLT). Le pouvoir voulait faire la démonstration de force, tout en libérant, dans un deuxième temps, la totalité des étudiants arrêtés pour ne pas provoquer un embrasement général.
Si le bras du pouvoir algérien tremble, c’est que le régime est désormais divisé sur les moyens de restaurer l’ordre public et sur le niveau de répression acceptable.