Poursuivi pour diffamation à la suite de son enquête qui a révélé un détournement de 71,8 milliards de FCFA au Ministère nigérien de la Défense Nationale, le journaliste nigérien Moussa Aksar, directeur de publication de « L’Evenement Niger », a vu le Tribunal de Niamey requérir contre lui 500 000 FCFA d’amende. Le jugement sera rendu le 7 mai prochain
L’enquête publiée par Moussa Aksar le 20 septembre 2020 est basée sur des rapports d’activités suspectes de l’Unité de renseignement du Trésor américain et le Réseau de lutte contre la criminalité financière, connu sous le nom de « FinCEN ». Cette enquête est réalisée dans le cadre du projet international d’investigation dénommé « FinCEN Files » qui a réuni des journalistes de près de 90 pays, dont près de 20 en Afrique, sous la coordination du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) basé à Washington.
Dans son article intitulé « Malversations au ministère nigérien de la Défense : 71,8 milliards de francs CFA captés par des seigneurs du faux », Moussa Aksar a montré comment de hauts responsables de l’armée et proches du pouvoir sont impliqués dans le détournement de fonds destinés à l’acquisition de matériels militaires. Trois mois après sa publication, il fut une première fois assigné à comparaître pour diffamation, avant plusieurs autres assignations. Malgré les intimidations, les harcèlements et même les menaces de mort dont il fait objet, le journaliste se dit être déterminé à poursuivre son combat jusqu’à la fin. « Je dois vous dire que ce dossier, par cette action, on veut l’éteindre ici au Niger pour que des actions à l’international ne soient pas poursuivies. Mais c’est peine perdue », a assuré Moussa Aksar à sa sortie du procès du 9 avril 2021.
Menaces de mort
L’ONG « Médias et Démocratie » note que les assignations répétées du journaliste constituent un véritable acharnement et une tentative délibérée d’intimidation. « Nous appelons, déclare l’association dan sun communiqué, les autorités nigériennes à respecter le droit à la liberté d’expression, conformément à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par la République du Niger. » En outre, conformément aux normes internationales auxquelles l’État du Niger a librement adhéré, MÉDIAS & DÉMOCRATIE exhorte les autorités nigériennes a protéger le journaliste d’investigation Moussa Aksar qui a fait l’objet de menaces de mort pendant son travail d’investigation.
Sa plainte devant la justice est, à ce jour, restée sans suite.
Niger, des menaces de mort pour avoir repris Mondafrique