Les explications demandées au gouvernement algérien par l’OHCHR au sujet des deux mineurs sahraouis brûlés vifs par l’armée algérienne sont restés sans suite. Pis encore, les camps de réfugiés restent bouclés et les dérapages de l’armée algérienne continuent.
Le récit est tiré d’une correspondance officielle de trois rapporteurs du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme à Genève (OHCHR). Elle a été adressée le 7 janvier dernier au président algérien Abdelmadjid Tebboune. Les faits sont horripilants, décrivant une exécution aussi sommaire que barbare. Âmes sensibles s’abstenir.
« Dans l’après-midi du 19 octobre 2020, un groupe de chercheurs d’or sahraouis résidant les camps de Tindouf aurait été surpris par une patrouille de l’armée algérienne dans un site minier non autorisés (…). Après avoir entendu des coups de feu apparemment tirés dans leur direction par les soldats algériens, les sahraouis se seraient précipités dans la tranchée et auraient refusé d’en sortir craignant d’être tués (…). Ensuite, la patrouille militaire aurait mis le feu à la fosse minière à l’aide de couvertures imbibées d’essence et aurait quitté le lieu sans se soucier du sort des réfugiés et sans leur apporter de l’aide : cela a entraîné la mort de deux mineurs (…). Aucune enquête n’aurait été ouverte et les coupables n’auraient pas été poursuivis ».
Ce rapport spécial enfonce le clou en expliquant que ces « violations semblent s’inscrire dans une tendance plus générale de violations systématiques qui auraient été commises par les forces de sécurité algériennes ». Il rappelle d’ailleurs que « des incidents similaires d’abus présumés de mineurs migrants par les forces de sécurité algériennes ont été rapportés en janvier et mai 2020 près de la frontière entre l’Algérie et le Niger ».
Un rapport ignoré
Les rapporteurs de l’OHCHR estiment que le gouvernement algérien devait enquêter sur ces incidents et de manière générale sur « les abus et les violations des droits humains dans les camps de Tindouf » où « la population reste extrêmement vulnérable et entièrement dépendante de l’aide internationale pour ses besoins essentiels et sa survie ».
L’Algérie a visiblement complètement ignoré cette correspondance. Sa mise en ligne sur le site du Conseil (après 60 jours de sa transmission) n’a été accompagné d’aucune réponse du gouvernement algérien qui semble ne prêter aucun égard à cette institution. En septembre dernier, l’OHCHR a dû réagir officiellement pour mettre «en lumière des informations fallacieuses concernant l’Algérie» après la publication par l’agence officielle, APS «d’un certain nombre d’articles déformant le fonctionnement du système des Nations unies».
Quant aux dérapages de l’armée algérienne, elles n’auraient jamais cessé. Pas plus tard qu’en mars dernier, des médias ont rapporté qu’un élément du Polisario a succombé à de graves blessures après avoir été pris pour cible par l’armée algérienne, non loin de Rabouni. Une autre affaire qui devrait encore une fois mobiliser les enquêteurs de l’ONU…