Si la visite de Jean Castex samedi à Alger a été annulée soudainement « pour cause d’agenda », le chef d’état major français, deux jours plus tôt rendait visite à son homologue algérien, Saïd Chengriha. L’occasion d’aborder le fond des dossiers. Entre militaires !
Le passif des essais nucléaires français au Sahara, un sujet tabou, s’invite das la relation bilatérale franco-algérienne. La visite à Alger, jeudi 8 avril, du chef d’état-major des armées françaises, François Lecointre, passée inaperçue,a été l’occasion pour les Algériens de « solliciter » publiquement le « soutien » de Paris pour la réhabilitation des sites de Reggane et d’In-Ekkerr où la France a procédé à dix-sept essais nucléaires entre 1960 et 1966 – soit avant et après l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Un rapprochement diplomatique entre Paris et Alger passe pour les services algériens, qui restent le coeur du pouvoir, par un accord global sur le plan sécuritaire. L’Algérie est prête à aider la France, y compris militairement, à se désengager du Sahel. Le chef d’état major; Saïd Chengriha, a mis en exergue lors de cette rencontre les « énormes efforts » consentis par l’Algérie « en vue de concrétiser la stabilité dans les pays de l’espace méditerranéen », à travers notamment « l’adaptation des dispositifs militaires tout au long des frontières », selon ses propos rapportés par l’agence officielle Algérie Presse Service (APS). « L’Algérie a des potentialités réelles en matière opérationnelle et en matière d’interopérabilité, en particulier dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la sécurité maritime », confirme au journal Le Monde une source militaire française proche du dossier
Le maréchal Sissi, ce modèle !
En échange, Paris doit accepter de couvrir la tentative d’Alger de contenir la pression d’un Hirak qui serait, selon le pouvoir algérien, sous la coupe des islamistes. À la France donc de défendre l’Algérie au niveau européen, de désamorcer l’action des ONG et de coopérer avec le pouvoir algérien dans la lutte contre les opposants réfugiés sur le sol français et actifs sur les réseaux sociaux.
Au fond, les militaires algériens rêvent de bénéficier de la part des Français d’un traitement comparable à celui qu’Emmanuel Macron et Jean Yves Le Drian réservent au maréchal Sissi, le dictateur égyptien qui peut impunément piétiner les droits humains élémentaires dans son pays. Au nom, forcément, de la lutte contre le terrorisme.
Dans une telle perspective, le report de la visite de Jean Castex pour la quatrième fois est juste un non événement.