L’Afrique subsaharienne compte autant de pays que d’institutions dédiées à la lutte contre le fléau de la corruption qui ne se s’est aussi bien porté sur le continent.
C’est un effet de mode : presque chaque pays africain a créé une institution spécialement dédiée à la lutte contre la corruption et « les infractions assimilées ». Même au Congo-Brazzaville, au Gabon et en Guinée-Equatoriale, dont les dirigeants sont poursuivis en justice à l’étranger « pour des biens mal acquis », la lutte contre la corruption est sur l’agenda du pouvoir. Les appellations de la structure changent d’un pays à l’autre, mais l’ambition affichée demeure la même : lutter sans merci contre la corruption. Au Gabon, elle s’appelle l’Autorité nationale de vérification et d’audit (ANVA) ; la Haute autorité pour la lutte contre la corruption et les infrastructures assimilées (HALCIA) au Niger ; la Commission nationale anti-corruption (CONAC) au Cameroun. Certains pays sont allés bien au-delà de la seule création de ces structures ad hoc en proposant, comme en Côte d’Ivoire, aux citoyens de télécharger des formulaires pour dénoncer les corrompus. D’autres ont créé de « ligne verte » pour encourager les citoyens à aider l’Etat à démasquer les « brebis galeuses ».
Tout cela aurait mérité des applaudissements nourris de deux mains, si dans ces mêmes pays la corruption avait reculé. Paradoxalement, une explosion des pratiques corruptives et de détournements des deniers publics a suivi la création de ces entités censées lutter contre la corruption. Elles ont même été parfois directement rattachées à la présidence de la république pour leur donner du crédit.
Coquilles vides
A regarder de près, ces structures relèvent plus de l’affichage que d’une réelle volonté de lutter contre la corruption. Au Mali, le Vérificateur général enquête et identifie chaque année la corruption et les détournements de deniers publics ainsi que leurs auteurs, mais ce « sport national » ne s’est jamais mieux porté que pendant les huit années de pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK).
Selon un décompte établi par une ONG canadienne, plus d’un milliard d’euros (700 milliards de FCFA) a été détourné au Mali entre 2012 et 2017. Une inspection d’Etat a révélé qu’au ministère nigérien de la défense au moins 78 milliards de FCFA (environ 117 millions d’euros) ont été indûment soustraits des caisses de l’Etat. Dans les deux pays, les auteurs se pavanent impunément. A dessein, les structures dédiées à la lutte contre la corruption ne sont pas dotées de pouvoir de poursuites. Elles doivent dans certains pays remettre leurs conclusions aux autorités politiques (Président de la république, Premier ministre). Alors que les procureurs sont totalement dépendants des autorités politiques, dans d’autres pays c’est à eux que sont dénoncés les faits de corruption et de détournement des biens publics. Les enquêtes s’arrêteront aux portes du palais de justice, si vous êtes de la mouvance au pouvoir ; elles se feront avec acharnement si vous êtes dans ce cas d’en face. Loin d’être des lieux d’équité et de justice les organes de lutte contre la corruption ont été parfois transformés en instruments de règlements de comptes contre les adversaires politiques. En témoignent, le cas de l’ancien Maire de Dakar Khalifa Sall, emprisonné pour « détournement » afin de ne pas gêner la candidature de Macky Sall à un second mandat et le sort réservé à Léady Soglo évincé de la mairie de Cotonou pour « mauvaise gestion » parce qu’il était, en réalité, devenu l’opposant le plus en vue à Patrice Talon.
Il y a donc peu de chance que la lutte contre la corruption en Afrique prospère tant qu’elle sera menée par des régimes eux-mêmes corrompus. « Le poisson pourrit par la tête », dit un proverbe africain.
Francis Sahel
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Au-delà de ces exemples de lutte contre la corruption, l’Afrique doit parvenir à mettre en place des outils de répression de la criminalité économique, la mise en place de lois permettant la saisie des richesses acquises illégalement, puisque l’évasion fiscale est l’une des caractéristiques de la corruption en Afrique.
La corruption, définie comme ‘abus de pouvoir public’ a toujours existé en Afrique. Actuellement, le vent du libéralisme économique a amplifié le mal. Certaines élites expliquent que la corruption est la version africaine de la solidarité. Mais si on prend connaissance des chiffres de détournements publics, on se rend compte que la corruption creuse le fossé entre riches et pauvres.
La corruption des élites africaines et la scandaleuse impunité, un cancer qui tue les institutions et les peuples !!! La tragédie de l’Afrique !!!
La corruption dans les affaires peut avoir des effets sociaux dévastateurs. Les pots-de-vin une fois payés, les entreprises font en sorte d’en récupérer le coût par la vente de produits de moindre qualité. Les infrastructures peuvent êtres mal exécutées, les routes mal construites, les hôpitaux s’effondrent en raison de l’utilisation de matériaux de mauvaise qualité, les écoles sont sous-équipées. Enfin, les citoyens et les consommateurs africains sont aussi perdants, les biens essentiels devant être achetés à un coût plus élevé.
La corruption est l’un des freins majeurs au développement du continent africain.
De nombreux pays africains sont classés parmi les mauvais élèves de l’Indice de perception de la corruption: la Somalie, le Soudan, la Guinée équatoriale, le Burundi, la République démocratique du Congo, le Tchad, l’Angola, le Zimbabwe… Ce diagnostic heurte la conception communément admise sur l’impartialité que devrait manifester un État efficace et légitime ; une situation qui choque les bonnes consciences scandalisées par les «biens mal acquis» ou les charitables « mallettes » des despotes.
L’Afrique du Sud, où les frères Gupta, des hommes d’affaires proches de l’ancien président Jacob Zuma, font leur loi, est souvent secoué par de vastes scandales de corruption !!!
Selon le rapport de Transparency International, le continent africain est la région du monde où la corruption est la plus forte, notamment dans les régimes autoritaires !