Le chef religieux malien, Mahmoud Dicko, a pourfendu la France et ses soutiens maliens. Un coup dur pour le président IBK, soutenu par François Hollande
Le chef du Haut Conseil Islamique (HCI), Mahmoud Dicko, avait organisé à la grande mosquée de Bamako, le samedi 12 décembre 2015, un grand meeting de sensibilisation. Ses fidèles avaient répondu en masse à cet appel comme ils le font à chaque manifestation publique de cet Imam extrèmement populaire. Ses déclarations contre la France qui, selon lui, incarnerait un colonialisme dévastateur, sont un véritable coup de tonnerre dans le ciel malien, qui pourrait mettre en cause, dans les semaines à venir, l’apparente stabilité politique du pays.
Depuis l’attentat terroriste contre un hotel de Bamako, le chef religieux est en guerre ouverte contre contre le procureur général de l’Etat malien, Daniel Tessougué, qui a proposé de raser les barbes. Mais la vindicte de Mahmoud Dicko contre les autorités de son pays qu’il avait jusqu’alors ménagées, va bien au delà. Le propos du chef religieux du Mali se veut beaucoup plus radical. Pour ce partisan d’un Islam wahabite largement inspiré par ses commanditaires séoudiens qui ne cache plus son jeu, le pays est victime d’un « complot orchestré par l’Occident », dont les « djihadistes » ou « terroristes » sont les complices. La déstabilisation du Mali est également soutenue, à l’en croire, par des responsables politiques maliens (dont son amo IBK?) qui, après avoir divisé les forces vives de la nation, veulent soumettre le Mali à une « recolonisation ».
Retournement de veste
Ces déclarations de Mahmoud Dicko constituent un formidable retournement. En 2013, le chef du Haut Conseil Islamique avait en effet approuvé l’opération « Serval » menée par la France. Il était alors et depuis dix ans le principal alllé de l’actuel président Ibrahim Boubakar Keita, soutenu par ailleurs à bout de bras par la France. Cet alliage étrange avait vu un chef religieux conservateur qui se réclame du wahabisme saoudien s’allier avec un chef d’Etat membre de l’Internationale socialiste. On n’en est plus là.
« Personne ne sait, a encore déclaré Mahmoud Dicko, quand ces forces coloniales quitteront notre pays, s’insurge l’imam.Comment comprendre que ces forces se promènent comme elles le veulent dans tout le Sahel et que nous qui sommes nés là ne puissions pas le faire ? Plus grave, il faut que notre président de la République demande l’autorisation de la MUNISMA ou de la force Barkhane pour se rendre à Gao ou à Tombouctou! ».
Le djihadisme, création française
Selon l’orateur, le « djihadisme », tel qu’on le vit au Mali, est une pure « création des Occidentaux » pour recoloniser notre pays à travers leur présence militaire permanente. « Il ne faut pas qu’ils nous prennent pour des idiots ! « Les acteurs choisis pour conduire la recolonisation de notre pays sont devenus de nos jours les détracteurs des religieux maliens, martèle l’imam Dicko. Ils savent que si les Maliens restent soudés, ils n’arriveront jamais à leurs fins: ils nous divisent donc pour mieux régner. Ils ont créé, dans la foulée, des médias qui, comme RFI, s’en prennent aux gens qui ne font pas l’affaire de l’Occident. Comme ils savent que les dirigeants africains et maliens ne sont plus écoutés par le peuple, ils ont, depuis quelques mois, créé sur RFI des émissions en Bambara pour s’adresser directement aux populations. Croyez-vous que RFI intègrerait le Bambara dans ses programmes pour le seul amour de cette langue? Non! ».
« Un Mali soumis à l’étranger »
Et Dicko d’en rajouter dans son hostilité désormais ouverte à la France, en appelant aux grands ancètres et « sages » du Mali. « La présence des forces internationales dans notre pays, déclare-t-il, ne nous honore pas car ce sont ces mêmes « forces du mal » qui ont été combattues par nos anciens rois et chefs religieux comme Ahmed Baba, Samory Touré, Mohamed Lamine Dramé, Firhoun ou Babemba ». Le président du HCI poursuit: » Malheureusement, notre pays s’est mis à la disposition de la métropole française dont les quatre volontés sont exécutées! ».
François Hollande et Laurent Fabius ne cessent de proclamer qu’ils ont réussi au Mali à organiser une sortie politique après l’intervention militaire de 2913, contrairement à Nicolas Sarkozy qui aurait laissé le chaos en Libye après son intervention militaire. Est ce de l’angélisme? Ou de la mauvaise foi? En tout cas, la présentation qui est donnée aujourd’hui par le pouvoir français des réalités politiques maliennes ne correspond plus du tout à la réalité du pays.