Un véritable cafouillage existe désormais entre les deux pôles des institutions algériennes: le président Tebboune, soigné en Allemagne, qui en est la façade et le chef d’état major Chengriha, qui détient la réalité du pouvoir
Dans son intervention du 13 décembre depuis l’Allemagne, le président Tebboune avait évoqué : « la mise sur pied dans les plus brefs délais, dix à quinze jours, d’une loi permettant l’organisation des élections pour continuer le programme post-constitutionnel ». Sauf que l’armée algérienne qui détient la réalité du pouvoir préférerait que les grandes manoeuvres institutionnelles interviennent plus tard, lorsque la menace d’une reprise du Hirak sera-enfin- écartée. Un voeu pieux? Sans soute?
Une certitude, rien n’est mis en place pour la poursuite d’une hypothétique transition démocratique. Pire, le président de l’« Autorité Nationale Indépendante des élections » (ANIE) vient de reconnaitre que la loi relative aux élections en est encore à ses balbutiements. Et ce proche de l’armée de prendre pour prétexte qu’il est impossible d’organiser des élections législatives et locales le même jour. Ne serait ce que parce que cela exigerait 9000 juges, ce qui est impossible en l’état d’inorganisation des services administratifs;
Du temps au temps !
L’institution militaire souhaite plus de temps pour un examen complet des structures politiques et un contrôle accru de la société civile. Les rapports des services de sécurité du général Rachedi, chef de la DGSI (contre espionnage), exige plus de temps pour piéger es dirigeants du Hirak. Sur fond d’un contexte social et économique désastreux. » Les revendications du Hirak, constate un diplomate en poste à Alger, seront décuplées par la crise socio-économique surtout si la barrière que constitue la crise sanitaire face aux manifestations massives, vole en éclat. »
L’absence du président, revenu à Alge pour parapher la loi finance et la constitution avant de repartir en Allemagne, octroie à l’armée un boulevard dans la maitrise des dossiers sécuritaires et politiques. Il y a en effet péril en la demeure. L’environnement régional du Sahara occidental, du Sahel et de la Libye place l’armée au-devant de la scène. Son chef d’Etat-Major est omniprésent sur les chaines publiques, tout comme le nouveau chef de la DDSE le général Nourdinne Makri, alias Mahfoud, dont les déplacements à travers le territoire sont couverts à l’égal d’un chef d’Etat.
Comment croire aux promesses des alliés de l’institution militaire, type le patron de l’ANIE, de renouveler le système algérien ? La sortie récente des prisons des militaires et civils condamnés à 15 ans de prison pour complot contre l’Etat, le retour du général Nezzar, et l’introduction ouvertement des anciens du DRS (services algériens) dans les appareils sécuritaires et politiques, sonnent le retour de l’ancien état profond.
Seuls souci, ces élites algériennes qui ont mené le pays à une impasse totale peinent à coopter un nouveau personnel politique? D’où la stratégie de la prudence qui reporte les échéances électorales.
Le bilan, le voici: un président qui est hors du pays depuis son bref retour, un porte-parole et un secrétaire générale eux aussi sont hospitalisés depuis plusieurs mois à Paris. Reste une administration rentière faisant figure de piètre gestionnaire des affaires courante.
Le message est clair, les élections sont remises à une date indéterminée. Historie de garantir un flou institutionnel qui masque la toute puissance de l’institution militaire, seul rempart hélas contre un écroulement institutionnel du pays.