Autant Mondafrique a pu se montrer critique pour aspects de la prochaine élection présidentielle est organisée au Niger, autant les attaques sur les origines ethniques du candidat du favori, Mohamed Bazoum, ne relèvent pas, elles non plus, d’un débat serein
La polémique dont Mohamed Bazoum, candidat à la succession du président Issoufou et son héritier désigné, fait l’objet est née de l’obligation qui lui est faite de prouver qu’il est Nigérien d’origine, c’est-à-dire de père et/ou de mère nigérien. Cette condition avait été introduite pour les candidats aux Présidentielles, par la dernière Constitution en date, celle de 2010, adoptée par referendum après le coup d’Etat de février 2010 qui a renversé Mamadou Tandja.
Déni de démocratie
Nul ne semble trop se souvenir ni comment ni pourquoi cette disposition a été introduite à l’époque. Le débat a émergé ces derniers mois autour de la candidature de Bazoum, dont la famille est originaire de la tribu Ould Souleymane, dans le sud libyen, et qui a grandi autour de N’Gourti. Arable, ce ministre et proche d’Issoufou appartient à une ethnie très minoritaire de la population nigérienne. Est ce un crime?
Ce méchant procès qui dénierait aux représentants de minorités ethniques le droit de se présenter à la plus haute charge de l’Etat parait particulièrement mal venu. La démocratie nigérienne, en butte déja à de nombreuses critiques, ne se grandit pas à utiliser ce type d’argumentation. C’est comme si en France, on déniait à la génération issue des communautés étrangères, africaine ou maghrébine, la possibilité de participer à la vie publique.
Ultimes manoeuvres
Le 22 décembre, trois candidats qui ne font pas pourtant partie de l’opposition – Salou Djibo, l’ancien putschiste Seyni Omar, le chef de l’ancien parti unique MNSD rallié à la majorité et Ousmane Idi Ango, un dissident du parti au pouvoir- ont saisi la Cour Constitutionnelle « afin d’invalidation de la candidature de Mohamed Bazoum». C’est dire que les querelles agitent le parti PNDS au pouvoir ne sont pas étrangères à ce débat surréaliste.
Mohamed Bazoum ne serait pas, d’après certains prochesd’Issoufou, le choix du président sortant. Lequel aurait envisagé, un moment, faire voter pour un autre candidat ou à tenter de se maintenir au pouvoir. Il y a eu en effet des appels à un 3e mandat du Président il y a trois ou quatre ans, venant d’un député proche de lui. Des rumeurs ont circulé sur l’accord qu’auraient conclu Issoufou et le général Salou Djibo pour remettre le pouvoir à ce dernier, entré effectivement en campagne.
Bazoum, candidat légitime
Dans ce contexte très confus et prompt aux complots, l’article constitutionnel sur la nationalité d’origine, est ressorti fort à propos pour torpiller un candidat dont on peut contester le bilan (comme Mondafrique l’a souvent fait), mais non la légitimité à se présenter. .
Après tout, le Niger a prouvé par le passé que l’origine ethnique d’un chef d’état était un non sujet, notamment en élisant Mahamadou Tandja dont le père était Mauritanien ou en choisissant Mamane Ousmane dont le père était Tchadien.