En conflit permanent avec le président de la République Kaïs Saïed et très contesté au sein du mouvement Ennahdha, le président du Parlement, Rached Ghannouchi, s’est trouvé une nouvelle cible : Hichem Mechichi. Un article de Maher Hajibi
Le leader du mouvement islamiste ne s’est pas contenté de sa dernière sortie médiatique, sur la chaîne publique, pour redorer son image, il s’est même allé jusqu’à confisquer les missions du Chef de l’exécutif, “son protégé”, pour imposer son règne en maître absolu.
Alors que le pays est ébranlé par une crise sociale, économique et politique aiguë, Rached Ghannouchi est apparu, dimanche, sur la chaîne publique pour adresser plusieurs messages à ses détracteurs. Si dans l’apparence il joue l’apaisement, le gourou de Montplaisir rappelle tacitement qu’il est le maître à bord d’une Tunisie en perdition. Après avoir voulu imposer sa mainmise sur la diplomatie tunisienne, un domaine réservé au chef d’État, l’icône religieuse s’est réunie, lundi, avec plusieurs experts pour étudier les solutions à entreprendre afin de surmonter les difficultés économiques posées par le projet du budget de l’État pour 2021. Une démarche qui devait être menée par le chef du gouvernement Hichem Mechichi.
Tous contre Ghannouchi
Plus rien ne semble arrêter Rached Ghannouchi, sauf qu’il s’est fait beaucoup d’ennemis. Aidé par une constitution parlementaire dont il fut un des artisans, le leader islamiste considère le Parlement comme seul et unique espace pour mener un dialogue économique national.
Cette fois, le message est clair. Ghannouchi se vit comme le maître absolu de la classe politique tunisienne, face à qui, personne ne fera le poids. Le président contesté d’Ennahdha est conscient de la situation alarmante en Tunisie, mais il ne s’attarde pas sur son propre bilan. En dix ans d’influence déterminante sur le jeu politique il est l’un des acteurs majeurs ayant contribué à un tel imbroglio.
Au Parlement, une motion de censure pour destituer le leader historique du perchoir n’est pas à exclure.