L’offensive russe en Afrique se poursuit au coeur des pays d’influence française en Afrique, notamment en Centrafrique et au Sahel
Dans sa note « Sociétés militaires privées russes en Afrique subsaharienne : atouts, limites, conséquences », le chercheur Sergey Sukhankin analyse l’expansion de la Russie en Afrique depuis 2014, alors qu’elle avait quasiment disparu des radars depuis la chute de l’Union soviétique.
Un article de Michael Pauron
C’est par le biais de la résolution de l’ONU 2127, votée à la demande de Moscou, que 5 instructeurs militaires et 170 instructeurs civiles sont arrivés en Centrafrique avec armes et bagages. La nomination de Valéri Zakharov, un ancien des services de renseignement russes, comme conseiller pour la sécurité nationale auprès du président Faustin Archange Touadera a renforcé l’influence de Moscou, au grand dam des Français.
L’arrivée de la SMP Wagner (démentie par la Russie, mais confirmée par trois journalistes russes d’investigation assassinés dans le pays et par de nombreuses sources locales), couplée à l’octroi d’une concession minière à l’entreprise Lobaye Invest Ltd (liée à Prigojine) a d’abord interrogé sur la nature du partenariat.
Mais, pour Sergey Sukhankin, la présence russe ne serait pas tant motivée par les ressources minières (somme toute modestes) que par la possibilité, depuis ce pays d’Afrique centrale frontalier d’autres pays économiquement plus attractifs, d’étendre son influence dans le reste de la région. Au détriment, notamment, de la France. « La Russie a de facto exclu la France du jeu centrafricain (…). Désormais, ce sont la Russie et la Chine qui jouent les premiers rôles », a ainsi lancé Viatcheslav Tetekine, expert conservateur russe et membre du comité de défense de la Douma.
« Argent chinois, muscles russes »
Certes, la Russie n’a peut être pas de stratégie africaine globale. Mais Sergey Sukhanki prévient que Moscou, et ses SMP en particulier, devraient poursuivre leur déploiement en Afrique, à mesure du retrait des Occidentaux (États-Unis, France…). L’arrivée de mercenaires russes dans la zone sahélo-sahélienne est plus que probable, alors que, en plus de l’accord de coopération militaire signé avec le Mali, des discussions ont été engagées avec le Tchad.
« Les agissements de la Russie en général et celles de ses SMP en particulier en Afrique subsaharienne pourraient entraîner de graves dommages collatéraux. L’affaiblissement progressif des acteurs européens et des États-Unis, les actions de la Russie visant à marginaliser les pays occidentaux, y compris la France, ouvrent la voie à une plus grande emprise de pays tiers sur la région » écrit le chercheur, évoquant une possible nouvelle donne, résumée par la formule d’un opposant congolais, Christian Malanga, « argent chinois, muscles russes »
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