L’ex-président, Mohamed Ould Abdel Aziz a été interrogé lundi et mardi, tout en passant une nuit en prison, par la Police des crimes économiques pour des faits de détournement de deniers publics mentionnés dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire qui s’était intéressée à certains dossiers économiques lors de ses dix années de présidence.
L’ex-président aura été placé en détention préventive et devait conséquemment sa première nuit dans une cellule et interdit de déplacement.
Une chronique de notre confrère Oumar El Moctarde du site « l’Authentique »
L’affaire portant sur le contrôle de la gestion des deniers publics des dix dernières années de l’ex-président Ould Abdel Aziz, jusque-là aux mains d’une Commission d’enquête Parlementaire, a connu lundi dernier, un nouveau rebondissement ! L’ex-chef d’Etat, qui avait refusé de déférer à la convocation des Parlementaires il y a deux mois, a cette fois, répondu à la Police des crimes économiques désormais à charge de ladite affaire.
Pouvait-il agir autrement ?… En tout cas, la Police n’avait pas exclu un tel scénario. Des moyens persuasifs avaient alors été déployés à l’occasion, avec des dizaines de policiers qui ont pris d’assaut les alentours du domicile présidentiel avant de lui notifier la convocation de la direction générale de la sûreté nationale.
L’ex-chef d’Etat était alors en compagnie de l’un de ses fidèles, l’ex-ministre des Affaires étrangères Isselkou Ould Izidbih et de membres de sa famille. Il promit de répondre à la convocation.
Une heure plus tard, vers 18 Heures, il sortait de son domicile en compagnie de son chauffeur. Leur voiture fut encadrée jusqu’aux portes des locaux de la Police où elle fut réquisitionnée et le chauffeur renvoyé.
Dehors, une foule immense s’était formée, qui avait pris le départ du domicile de l’ex-président. Pour la contrer, des éléments de la Police furent appelés en renfort et qui ont fini par quadriller toute la zone jouxtant les locaux de la Police. L’un des membres du Pole de ses avocats qui avait tenté de s’infiltrer fut vite repoussé.
L’interrogatoire de Ould Abdel Aziz fut alors enclenché, portant d’abord sur les derniers développements de « son » affaire, ceux faisant suite à l’arrestation d’un notaire (auprès duquel ont été découverts des actes de cessions et autres certificats de vente foncière en son nom ou au nom de membres de sa famille), les centaines de voitures Haut de gamme découvertes dans des hangars situés au nord de Nouakchott, les dizaines de gros véhicules et autres engins retrouvés dans des terrains qui relèvent de son patrimoine, les centaines de terrains, les maisons, les résidences de luxe dont certains seraient acquis par des voies détournées dans les affaires liées au « fameux Madoff mauritanien », l’érudit Cheikh Ridha.
Autres notifications, celles ayant trait à des dossiers rassemblés par la sûreté le concernant personnellement et relatifs à la « sûreté de l’état. », mais aussi les dossiers qui avaient été abordés par la Commission d’enquête Parlementaire.
Face aux limiers, l’ex-président a d’abord refusé de se prononcer. C’est ce que nous avons appris de sources dignes de foi qui indiquent qu’il se serait contenté d’observer ses vis-à-vis, pendant près de deux heures d’horloge avant de se résigner à leur répondre.
Selon nos sources, l’homme ne semblait pas être dérangé, outre mesure. Il limitait toutefois ses réponses aux seules questions portant sur les dossiers rassemblés par la sûreté et qui n’avaient aucun lien avec le rapport de la commission d’enquête parlementaire.
Il aurait ainsi soutenu en substance, que les véhicules découverts dans différents hangars appartiendraient à la Fondation de son fils « Feu Ahmedou », et conséquemment, il ne lui revenait pas de répondre de leur origine. Quant à ses biens fonciers, l’ex-président aurait affirmé qu’ils avaient été acquis légalement et mettait au défi la police de lui présenter la moindre preuve d’une quelconque illégalité, lors de leur acquisition.
Son unique réaction aux questions relatives à l’enquête de la Commission Parlementaire porta sur le fait qu’il n’était pas tenu de répondre aux allégations au vu de son statut d’ancien président de la République, qui selon lui ne pouvait être entendu, dans ce cas de figure, que par la Haute cour de Justice !
Vers 23 Heures, ne parvenant pas à amener leur hôte à répondre à toutes leurs questions, les limiers de la Police des crimes économiques, décidèrent de le placer en garde à vue. Il fut conduit, sous haute escorte aux locaux de la DGSN situés dans la vieille enceinte du stade de la capitale quadrillée nuitamment par des éléments de la Police.
Autre réaction de la soirée, celle des Maires de Mauritanie qui ont publié un communiqué dans lequel ils ont estimé que « les sommes énormes qui ont été détournées et gaspillées, durant cette dernière décennie, suffisaient pour garantir le développement local et résoudre les problèmes de pauvreté, de santé, d’éducation, d’eau potable et de précarité » au niveau des communes.
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