Le Président Idriss Déby Itno a été officiellement élevé à la dignité de maréchal du Tchad au cours d’une cérémonie à l’Assemblée nationale mardi, jour du 60e anniversaire de l’indépendance du Tchad. Un de ses opposants historiques, Babba Ladé, a été gracié à cette occasion, signe que le régime, aujourd’hui affaibli, cherche à élargir sa base politique.
Le 26 juin 2020, l’Assemblée nationale avait décidé d’élever le général-président à la dignité de Maréchal. Cette distinction exceptionnelle avait été acceptée par l’intéressé. Ce fut donc en ce 11 août 2020 qu’une cérémonie d’apparat fut organisée afin de remettre les attributs que confère le maréchalat. C’est le Grand chancelier des ordres nationaux, le général Yaya Oki Dagache qui se chargea de cette remise haute en couleur, devant de nombreuses personnalités.
Bien que l’intéressé s’en défende, il rejoint d’anciens maréchaux de triste mémoire que furent Idi Amin Dada, Jean-Bedel Bokassa et Mobutu Sese Seko. Il est vrai que Idriss Deby Itno peut faire valoir son passé de militaire et de faits d’armes que ne pouvaient revendiquer ses lointains prédécesseurs. Nul doute que l’opposition trouvera à la fois inopportune et incongrue cette distinction, en ce jour de commémoration nationale.
Le rebelle Baba Laddé gracié
L’ ancien gendarme Peul, Baba Laddé, devenu « général », condamné à huit ans de prison, a été l’un des principaux déstabilisateurs des régions situées au sud du Tchad et en Centrafrique, sans négliger des incursions au Darfou, à la tête du Front populaire pour le redressement. De 2009 à 2012, il aura surtout contribué à affaiblir le régime de François Bozizé et de son premier ministre Faustin-Archange Touadera.
L’ancien coupeur de routes avait développé un discours politique, ce qui le distinguait des autres rebelles. La défense des Peuls et même leur autonomisation en liaison avec les communautés Peules ouest africaines étaient à son programme. De nombreux allers-retours avec le pouvoir tchadien l’avaient finalement conduit à la case prison.
L’opposant était dernièrement incarcéré à la Maison d’arrêt de Moussoro, alors qu’il avait purgé sa peine. On disait qu’il était en mauvaise santé. Depuis quelques mois Baba Laddé avait fait les premiers pas pour obtenir sa libération. Il s’était notamment réjoui de l’élévation au maréchalat du président IDI, accordée par les députés tchadiens le 26 juin 2020. Cette grâce présidentielle tchadienne ne fera certainement pas plaisir au président centrafricain, bien que son principal allié pour sa réélection est désormais Ali Darassa, chef du groupe armé UPC, qui fut l’adjoint de Baba Laddé.