Dans un communiqué récent sur la crise libyenne des ministres des Affaires Etrangères allemand, italien et français, le représentant français, Jean Yves Le Drian, parvenait à rendre hommage au Président Sissi qui est reçu à Paris ce 7 décembre avec tous les honneurs, malgré les 60000 égyptiens maintenus en prison et les centaines d’opposants torturés.
Le Breton est têtu. Du moins il a cette réputation. Et Jean Yves Le Drian, l’homme fort de la Bretagne au sein du sérail politique français et le ministre des Affaires Etrangères d’Emmanuel Macron, est constant dans ses engagements les plus contestables, notamment sur le dossier libyen où il soutient le maréchal Haftar et ses « parrains » égyptien et émirati.
Impuissances européennes
Dans un communiqué commun, les ministres italien, allemand et français des Affaires Etrangères appellent à créer « les conditions nécessaires à la reprise effective du dialogue politique inter-libyen ». Lequel « permettra une résolution pérenne du conflit ». Personne ne peut naturellement en vouloir à l’Europe de préconiser une solution politique en Libye.
Et nos bons ministres d’ajouter, en masquant les désaccords entre l’Italie et la France, la première soutenant le gouvernement de Tripoli et la seconde le maréchal Haftar: « Toute initiative en soutien à un accord de cessez-le-feu et à un règlement politique négocié de la crise libyenne doit être pleinement inclusive et s’inscrire résolument dans le cadre des principes de la Conférence de Berlin, qui demeure le seul cadre viable ». « Inclusive », forcément « inclusive »!
L’Europe nous a habitués à cette langue de bois diplomatique, cache sexe de sa totale impuissance dans la crise libyenne, dont la résolution lui échappe à peu près totalement. Sur l’échiquier international, la place est prise désormais par la Russie et la Turquie, qui sont les principales parties à ce conflit régional. De l’Europe, on attend à peu près rien dans la résolution de cette crise libyenne. Juste des communiqués!
Médaille d’or pour Sissi
Seulement à bien lire le texte, on comprend que Jean Yves Le Drian a mis sa touche personnelle à la rédaction finale. « Tous les efforts , ajoute le communiqué commun, y compris l’initiative égyptienne annoncée le 6 juin, doivent être encouragés ». Pourquoi cette référence à l’Egypte de Sissi, qui aura été le principal soutien du maréchal Haftar dans sa volonté de mettre la mains sur l’ensemble de a Libye? Pourquoi faudrait-il que les Européens saluent les efforts de paix de ce pays belliqueux qui ne cesse d’attiser les braises de la crise libyenne?
La raison en est que Jean Yves Le Drian, qui a un faible pour les dictateurs arabes et africains, n’a cessé d’afficher une tendresse particulière pour le maréchal Sissi? Que ce dernier ait instauré en Egypte une dictature brutale en enfermant et liquidant des centaines d’opposants politiques importe peu à un Le Drian qui a l’audace de se présenter comme « la gauche du macronisme ».
L’ homme fort du gouvernement français qui espère aujourd’hui remplacer Edouard Philippe comme Premier ministre, a fait en sort ede livrer à la dictature égyptienne des équipements anti émeute utilisés contre les opposants. Et aujourd’hui Le Drian salue les efforts de paix de Sissi dans la région, tout en s’en prenant violemment à la Turquie d’Erdogan, le meilleur ennemi de l’Egypte. La vocation de la diplomatie française aurait été de se tenir à mi chemin des principales forces politiques libyennes. On en est loin.
Et l’obstination de notre ministre à défendre le maréchal Sissi confine à l’entêtement
Voici le communiqué de ministres allemand, italien et français, 25 juin 2020
Face au risque croissant de dégradation de la situation en Libye et d’escalade régionale, la France, l’Allemagne et l’Italie appellent toutes les parties libyennes à cesser immédiatement et sans condition les combats et à suspendre le renforcement en cours des moyens militaires à travers le pays.
Elles exhortent également les acteurs étrangers à mettre un terme à toutes les ingérences et à respecter pleinement l’embargo sur les armes établi par le Conseil de sécurité des Nations unies. Elles encouragent la conclusion rapide des négociations au sein du comité militaire 5+5 sous l’égide de la MANUL pour permettre la signature d’un accord de cessez-le-feu durable et crédible.
Il s’agit d’un élément essentiel pour créer les conditions nécessaires à la reprise effective du dialogue politique inter-libyen, qui permettra une résolution pérenne du conflit. Tous les efforts en ce sens, y compris l’initiative égyptienne annoncée le 6 juin, doivent être encouragés. Toute initiative en soutien à un accord de cessez-le-feu et à un règlement politique négocié de la crise libyenne doit être pleinement inclusive et s’inscrire résolument dans le cadre des principes de la Conférence de Berlin, qui demeure le seul cadre viable.