Candidat à sa réélection en mai, le président de la Banque africaine de développement (BAD), le Nigérian Akinwumi Adesina, fait l’objet d’accusations embarrassantes par des « lanceurs d’alerte », selon un document reçu lundi par l’AFP, initialement dévoilé par Le Monde.
« Comportement contraire à l’éthique, enrichissement personnel, obstacle à l’efficacité, favoritisme, (activités) affectant la confiance dans l’intégrité de la banque et engagement dans des activités politiques » : c’est un véritable réquisitoire que dressent contre leur président, dans ce document d’une quinzaine de pages, ces « lanceurs d’alerte » anonymes se présentant comme des « employés préoccupés de la BAD », première institution de financement du développement en Afrique, basée à Abidjan.
« Allégations fallacieuses »
Dans un communiqué publié lundi à la suite de l’article publié dans le Monde, M. Adesina, 60 ans, a réfuté en bloc ces accusations, qu’il qualifie d' »allégations fallacieuses et sans fondement ». Il a également indiqué que des enquêtes internes étaient en cours.
Elu en 2015 pour un mandat de cinq ans, M. Adesina, ancien ministre de l’Agriculture du Nigeria, apparaissait jusqu’à présent sans rival pour obtenir un deuxième mandat, après avoir reçu le soutien de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.
Le président de la Banque africaine de développement Akinwumi Adesina à Ahmedabad le 20 mai 2017
Dans leur lettre datée d' »avril 2020″ envoyée aux gouverneurs de la BAD, les lanceurs d’alerte accusent M. Adesina de favoritisme dans de nombreuses nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians, et d’avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraudes ou de corruption, ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner.
Entre 2016 et 2018, lors de « la grande campagne de recrutement qui a accompagné la restructuration lancée par le président Adesina », « environ 25% des nouveaux managers recrutés ont été des Nigérians », alors qu’ils représentaient 9% des embauches jusqu’alors, ce qui correspondait à la part du Nigeria dans l’actionnariat de la BAD, dénoncent les lanceurs d’alerte.
Parmi les personnes recrutées ou promues à des hauts postes figurent un beau-frère et un ami d’enfance de M. Adesina, ou d’anciens collaborateurs lorsqu’il était ministre au Nigeria, selon les lanceurs d’alerte.