Dans toute l’Afrique, la justice menace les régimes corrompus. A quand le tour de l’ancien président Mohmamed Ould Abdel Aziz, dont la gestion calamiteuse est enfin révélée en Mauritanie?
Denis Christel Sassou Nguesso, 45 ans, est dans l’œil du cyclone dans l’enquête sur les biens mal acquis diligentée à Paris. Le fils du président du Congo vient d’être mis en examen dans l’enquête sur le vaste patrimoine que possède le clan Nguesso en France avec la bénédiction des autorités françaises.
L’or noir congolais
Député d’Oyo (nord), fief de son père Denis Sassou Nguesso – trente-six ans à la tête du Congo-, Denis Christel a été jusqu’en 2016 la deuxième personnalité de la puissante Société nationale des pétroles du Congo (SNPC).
En France également, la cour d’appel de Paris vient de confirmer les condamnations qui avaient être prononcées, en première instance, à l’ encontre de Teodoro Nguema Obiang Mangue, appelé « Teodorin », héritier présumé et vice-président de la Guinee équatoriale.
Le Congo Brazzaville et la Guinée Equatoriale ne sont pas les seuls pays africains à être ainsi mise en cause. L’alternance judiciaire est à l’oeuvre dans toute l’Afrique. Plusieurs autocrates, jadis courtisés par de nombreuses grandes puissances et reconnus comme chefs d’État exemplaires par l’Union africaine, comme l’ Angolais Jose Eduardo dos Santos, le Sud Africain Jacob Zuma, le Soudanais Omar Al- Bechir ont non seulement perdu le pouvoir mais doivent aussi désormais faire face au détricotage de leur régime.
Le tour viendra pour l’ancien président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz, qui a pillé son pays de 2009 à 2019. Apparemment la mise en cause de son bilan s’accélère en Mauritanie.
« Haute trahison » !
Après l’alternance politique qui a vu, cet été, l’élection de l’ancien chef d’état major, Mohamed Ghazouani, à la tète de l’Etat mauritanien, et l’éviction du président Aziz, les mises en cause se multiplient contre la gestion corrompue des responsables d’hier.
Une commission d’enquête, dont la naissance a été saluée par l’ensemble des élus mauritaniens, vient d’être installée, en charge de faire le bilan des années Aziz. Les plus fidèles soutiens de l’ancien président quittent le navire. C’est ainsi que l’ancien président de l’Union pour la République, le parti traditionnellement au pouvoir en Mauritanie, Sidi Mohamed Ould Maham, a déclaré que toute implication de l’ancien président de la République, Mohamed ould Abdel Aziz, dans le gaspillage, la contrebande ou la disparition de fonds publics, délibérément, signifie une violation de ses obligations constitutionnelles, et constitue donc un cas de haute trahison.
Le juge Brugière mal en point
Les amis français de l’ancien Président comme l’ancienne vedette de la justice anti-terroriste, jean Louis Bruguière, qui avaient offert leurs services au président déchu pour un maigre plat de lentilles, pourraient être mis en cause dans les enquêtes à venir. Le juge Brugière, raconte-t-on à Nouakchott, a osé venir quémander, auprès de l’actuel gouvernement mauritanien, le reliquat des honoraires qu’on lui avait octroyées, hier, pour mettre en cause es opposants du régime réfugiés à l’étranger.
Avec l’ex président Aziz au pouvoir, le mesquin le disputait à l’odieux. Non seulement son clan avait fait main basse sur des écoles ou des commissariats pour développer des programmes immobiliers aussi inutiles que somptueux, mais les sociétés « amies » se dispensaient de régler les factures d’eau et d’électricité.
Le président Aziz a non seulement siphonné les ressources de leur pays, mais a également dévitalisé l’Etat livré aux courtisans et aux cupides. L’oeuvre de reconstruction des élites sera une tache ardue.