Autrefois toute puissante, la galaxie de Brice Fargeon Laccruche Alihanga l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo a été réduite à sa plus simple expression.
Ils sont une demi-douzaine de « grands » et autres « golden boys » de cette « jeunesse émergente » d’un régime pourtant largement cinquantenaire qui ont été interpellés par des gendarmes d’élite de la Direction Générale des Recherches (DGR), par des « enquêteurs – agents secrets » de la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire (DGCISM, communément appelé le B2) et même – fait nouveau – par des agents de la très secrète Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS) que le lieutenant-colonel Frédéric Bongo avait « réussi » à faire sortir de l’ombre. Resté pendant longtemps silencieux, le pouvoir gabonais a jugé utile de communiquer laconiquement sur cette série d’arrestations visant ceux qui se présentaient du temps de leur toute puissance comme les enfants prodiges – mais surtout prodigues ! – du règne d’Ali Bongo.
Des étoiles filantes
Qu’ont en commun (pour ne citer qu’eux) Christian Patrichi Tanasa Mbadinga, ancien Administrateur Directeur général de la Gabon Oil Company (GOC), Renaud Allogho Akoue, ancien directeur général de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garanties Sociales (CNAMGS), Ike Ngouoni Conseiller Spécial en communication d’Ali Bongo et porte-parole de la Présidence du Gabon ? Ce sont tous des « étoiles » de cette « nouvelle génération » de « managers » censés contribuer par leurs « facultés prodigieuses » à faire grâce au « leadership politique innovant d’Ali Bongo » (sic) du Gabon un pays émergent ; certes, mais ils sont surtout – hormis Ike Ngouoni (et encore ça se discute !) – membres de l’association « créée » par Brice Fargeon Laccruche Alihanga dénommée : Association des Jeunes Emergents Volontaires (AJEV) qui avait pour objectif de remplacer le Parti Démocratique Gabonais (PDG), ancien Parti-Etat, peu docile et surtout principal adversaire du « Roi Bongo deuxième du nom ».
Un score à la Bongo
La première « mission » de l’AJEV, sous la houlette de Brice Fargeon Laccruche Alihang, consistait à faire « réélire » Ali Bongo. Ce fut un échec cuisant. Confondant idées politiques et arrogance, ils échouèrent brillamment à faire « élire » Ali Bongo pas même comme l’avait dit Manuel Valls en son temps « pas comme on l’entend ». Sévèrement battu dans les urnes par Jean Ping un ancien cacique du Parti Démocratique Gabonais, Ali Bongo n’eut son pouvoir sauf grâce à l’action méphistophélique de l’ancien Parti Unique.
Fort de son expérience en fraude électorale, le PDG, le parti au pouvoir, prit ses responsabilités par le truchement du ministre de l’Intérieur qui frauda le résultat dans la Province du Haut Ogooué en ajoutant 2.901 voix à Ali Bongo qui venait pourtant d’obtenir …. 95% des voix dans sa région natale. Ce coup de pouce du Ministère de l’intérieur du Gabon porte ainsi le score d’Ali Bongo dans cette province à plus de 100% des voix ! « Un score à la Bongo » en somme.
Malgré le « sauvetage » du Parti Démocratique Gabonais, le sanglant boulot de l’armée et « le ravalement de façade » de la Cour Constitutionnelle qui rendit « plus présentable » la « victoire » d’Ali Bongo, les membres de l’AJEV – en tête desquels leur chef- sont largement promus.
C’est le temps de la splendeur de l’AJEV, qui avec l’onction d’Ali Bongo lui-même, tente de s’imposer comme le nouvel instrument politique du pouvoir prédateur gabonais. Son Directeur de Cabinet est le véritable Grand Vizir du Gabon et d’ailleurs ses prérogatives sont claires « il effectue toute mission que le Président de la République lui confie ».
Ambitions perdues
À la suite de l’AVC d’Ali Bongo le 24 Octobre 2018, l’AJEV et son chef rejoignent le camp de Sylvia Bongo contre le Lieutenant-Colonel Frédéric Bongo. Après dix mois de lutte, la tête du Lieutenant-Colonel Frédéric Bongo longtemps mise à prix est obtenue. Entretemps, Brice Laccruche Alihanga qui avait entrepris d’occuper le terrain en organisant – fait unique dans ce pays qui en a pourtant déjà vu d’autres – une « Tournée Républicaine du Directeur de cabinet du Président de la République » est de plus en plus soupçonné de vouloir devenir « calife à la place du calife » lui qui était pourtant chargé de mettre le pied à l’étrier à…Nourredine Bongo ! Grisé par le pouvoir « Le messager intime » de ce monarque de pacotille en situation de handicap se sent pousser des ailes. Il n’y a plus aucun doute lorsque que Brice Fargeon Laccruche Alihanga ambitionne clairement d’organiser un « véritable dialogue politique inclusif » devant réunir « toutes les forces vives de la nation » autour d’une même table et qui prévoit même comme préalable « pour la réconciliation de tous les enfants du Gabon la libération des prisonniers politiques et le retour sans crainte des exilés »!
Le Royaume (presque) enchanté
Ce dernier projet va coûter son poste au très puissant directeur de cabinet d’Ali Bongo. Les plus fervents Bongolâtres (membres du PDG) n’hésitent même pas à parler de « trahison » du « messager intime » qui voulait clairement fomenter un « coup d’Etat en douceur » d’autres parlent même d’ « un coup d’état prévu pour le 20 Janvier 2020 ». Il est clair que l’ambitieux Directeur de Cabinet d’Ali Bongo a largement dépassé ses prérogatives pourtant immenses et attribués par Ali Bongo lui-même en voulant se positionner comme alternative. La reine du Gabon Sylvia Bongo surtout voit d’un mauvais œil la volonté de celui qui est pourtant son protégé de se donner une stature d’homme d’Etat qui plus est clément. Cela pouvant grandement gêner son fils Nourredine Bongo, qui dans la foulée a obtenu un bureau à la Présidence de la République juste à côté de son père. En effet, bien que français métropolitain ayant grandi au Gabon et naturalisé gabonais, il connait bien le Gabon pour y avoir grandi et passé la majeure partie de sa vie. De plus, bien qu’ayant été élevé dans la nomenklatura gabonaise, Brice Fargeon Laccruche Alihanga connait bien les quartiers populaires qu’il fréquente depuis son adolescence contrairement à Nourredine Bongo, prince héritier certes, mais « Prince hors-sol » ignoré par de nombreux gabonais et bénéficiant certainement comme son père et son grand père avant lui de l’hostilité de l’immense majorité.
Le démantèlement du cartel
Lors du Conseil des Ministres du 7 Novembre 2019, Brice Fargeon Lacruche Alihanga est débarqué de son trone de Directeur de Cabinet du « Président de la République du Gabon ». En reconnaissance aux services rendus à la « Branche régnante de la famille royale du Gabon », on crée pour cet ancien « Grand Vizir du Gabon » le Ministère chargé du suivi de la stratégie des investissements humains et des objectifs de développement durable, un ministère qui a pour siège le domicile de Brice Laccruche Alihanga ! Dans le même temps, le démantèlement de son Cartel par la force est décidé. Qui a pris cette décision? Sylvia Bongo ? Nourredine Bongo ? Ali Bongo ? Les trois au cours d’un dîner en famille ? Peu importe ! Des instructions fermes sont données et des listes sont dressées. On choisit ceux qui doivent être simplement débarqués et ceux qui doivent être « matés » autrement dit rudoyés ou carrément torturés dans les locaux des services de sécurité qui disposent tous d’une expérience avérée en la matière.
Il s’agit pour la famille royale du Gabon de montrer qu’elle est toujours maîtresse du jeu et des horloges au Gabon. Il s’agit surtout de montrer que toute volonté d’évolution en dehors du système monarchique de fait est proscrite. Nourredine Bongo doit succéder à son père et rien ni personne ne doit contrarier cette « vérité évidente ». A la purge qui est mise en œuvre par le nouveau patron de la Direction Générale des Services Spéciaux ( D.G.S.S. – Garde Républicaine ) Brice Oligui Nguema, un nom est donné : « opération scorpion ». Même l’appareil sécuritaire est purgé, les directeurs des « Services » réputés proches de Brice Fargeon Laccruche Alihanga sont débarqués.
Pendant ce temps, l’ancien Parti Unique mais démocratique, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) qu’Ali Bongo lui-même avait pourtant tenté d’enterrer signe son grand retour.
Les vieux courtisans ne meurent jamais.