Devant 50000 maliens ce dimanche 10 février, le puissant patron du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko, s’en est pris au Premier ministre malien et à la présence française
« C’est un meeting d’interpellation du gouvernement et un meeting de prière pour mon pays », a déclaré à l’AFP peu avant le début du rassemblement le président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), l’imam Mahmoud Dicko, co-parrain de la manifestation avec le chérif de Nioro, Boyé Haïdara, un dirigeant religieux musulman très respecté et très influent. « Le problème de notre pays, c’est un problème de gouvernance. Ce meeting est aussi l’occasion de le souligner. Il faut aussi que les uns et autres se parlent », a-t-il ajouté.
Seul capable à Bamako de réunir une telle foule, l’Imam Mahmoud Dicko avait soutenu, après l’intervention française de l’hiver 2013, la candidature aux Présidentielles d’Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, alors le candidat alors de la France. Etrange alliance entre le chef religieux Dicko et le politicien roué IBK était en effet constante depuis une dizaine d’années qui a donné au Mali l’illusin d’une stabilité politique. Désormais les temps ont changé
L’Imam Dicko en recours
Depuis 2013, le ton de Mahmoud Dicko qui ne cache guère ses liens avec le wahabisme séoudien, n’est plus le même et ses priorités ne sont plus, loin de là, le soutien du pouvoir malien. Lors des dernières élections présidentielles de 2018, Mahmoud Dicko avait renoncé à soutenir le candidat IBK. Dans le long discours, fort applaudi, adressé dimanche à ses sympathisants, l’imam Dicko se ose en contre pouvoir, sinon en recours.
Après avoir appelé à la fin de la tuerie dans le centre du pays en s’adressant à la fois aux peuls et aux dogons qui se rendent actuellement coup sur coup, l’Imam Mahmoud Dicko s’est adressé au chef de l’Etat, IBK, en l’appelant à se débarrasser de son Premier ministre, Boubeye Maiga, proche des Algériens. Le quel, en habile manoeuvrier, avait proposé au Haut Conseil Islamique de financer la manifestation de dimanche, ce qui lui fut refusé . « Que le Président IBK pense à ce pays, a affirmé Dicko entre deux versets du coran sinon nous allons le faire dégager, nous allons jamais laisser le pays tombé dans l’anarchie à cause de quelques personnes ».
Dans le même temps, le célèbre Chérif de Nioro, M’bouye Haidara, capable de mobiliser les foules lui aussi, avait également réclamé la tète du Premier ministre. ‘Je serai contre ton régime, a-t-il déclaré à IBK, tant que tu ne te débarasses pas de lui ».
La France sur le banc des accusés
Le tout puissant chef du Haut Conseil Islamique s’en est pris également, et avec virulence, aux Français. « Je ne peux pas comprendre qu’avec la présence de toutes les forces internationales qu’on continue de massacrer les maliens comme des mouches ». Et de poursuivre: « Pourquoi c’est la France qui dicte sa loi ici? Cette France qui nous a colonisé et continue toujours de nous coloniser et de dicter tout ce que nous devons faire. Que la France met fin à son ingérence dans notre pays. »